Eyguières, procession de la Saint Marc

Chaque samedi le plus proche du 25 avril, un pèlerinage a lieu au Mas de Saint-Pierre de Vence à Eyguières.

St Marc est l'un des 4 évangélistes, fêté le 25 Avril, représenté par un Lion, patron de la ville de Venise et aussi patron des maraîchers, des vignerons et des tondeurs de brebis.

C'est dire que des pèlerinages en son nom sont fréquents en Provence et ici plus qu'ailleurs dans ces Alpilles bordées par les canaux de Craponne qui ont permis le développement du maraîchage, la vigne si importante en Provence et bien sûr l'élevage ovin avec la transhumance dans les Alpilles. Et d'ailleurs, le Mas de St Pierre de Vence où nous nous rendons est propriété de la dernière bergère du village qui n'est autre que la Demoiselle d'honneur de la 22^ème Reine d'Arles, Demoiselle que j'ai déjà pu présenter lors de ma visite à Meyrargues, voir :

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/05/meyrargues-hommage-a-jouse-d-arbaud.html

En 1048 a été fondé à Eyguières un prieuré. La paroisse d'Eyguières est alors partagée en trois centres, St Pierre de Vence, St Vérédème (chapelle située au cimetière actuel), et S^te Marie Madeleine (ancien vocable de l'église actuelle Notre Dame de Grâce).

Les pèlerinages sont nombreux à partir du 16^ème siècle pour prier contre les épidémies, les destructions dues aux guerres de religion avec l'église Réformée, etc…

Le dernier pèlerinage religieux de Saint-Marc a eu lieu en 1905, la loi de 1905 a exacerbé tant de haines anti-cléricales que tout témoignage d'une présence religieuse a dû disparaître des fêtes publiques.

Au 19^ème siècle, une société d'amis et de lettrés se réunissait chaque année à Roquemartine, le 25 avril jour de Saint-Marc, la colline au-dessus du mas de St Pierre de Vence. Cette réunion se terminait par des agapes avec les produits du terroir, et entre autre le cabri local d'où le nom de cette société, les amis de Saint-Marc du cabri.

Mais en 1869, Frédéric Mistral et d'autres félibres y sont venus pour réciter entre autre le texte de "La Comtesse", allégorie parlant d'une comtesse (la Provence) cloîtrée par sa grande soeur (la France), et répétant dans son refrain en forme de litanie : "Ah ! Si l'on savait m'entendre. Ah ! Si l'on voulait me suivre".

En 1897, les poètes se réunissent en une société sous le nom de "Escolo de la Crau", celle-la même qui organise à nouveau chaque année cette fête.

Après une interruption due à la première guerre mondiale, en 1938, le propriétaire du Mas et l'Escolo de la Crau arrivent à relancer ce pèlerinage et surtout à faire re-consacrer cette chapelle à laquelle va être adjoint en 1953 un oratoire dans lequel la statue est une statue du santonnier Ricard, d'Eyguières.

Voici le trajet de ce pèlerinage :

Il démarre au plus près des arènes du village où se réunissent chevaux et pèlerins et où un tracteur, période moderne oblige, vient chercher les arlésiennes dont les costumes seraient impossibles à porter sur ce si long chemin caillouteux et même boueux en certains endroits.

Il va ensuite cheminer le long du canal de la vallée des Baux qui irrigue toute cette région avec l'eau de la Durance captée près de La Roque d'Anthéron.

La Coste Ferré domine tout ce trajet.

Le Vallon de Gauges et son Mas sont là.

C'est l'arrivée au Mas de St Pierre de Vence, un vrai mas provençal.

On peut y voir la chapelle remise en service en 1938.

La messe se déroule en provençal grâce au prêtre Christophe Nowak, polonais d'origine, qui donne une messe en provençal parfait car il fait l'effort d'apprendre le français bien sûr, mais aussi la langue locale. Et ce très bien. Une preuve que les personnes intelligentes et respectueuses de la Patrie qui les accueille savent faire l'effort de s'y adapter, un respect que bien des gens devraient avoir…

Puis, la messe finie, tout le monde se dirige vers l'oratoire St Pierre où les terres, les animaux et les hommes présents sont bénis et un apéro clos cette belle après-midi.