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Anne Marie Jaboulet, santonnière et céramiste à Coursegoules
Anne Marie Jaboulet-Pfimlin, est santonnière et céramiste à Coursegoules, dans les Alpes Maritimes. Elle m'a invité courant Février à assister à un four Raku chez elle. Ce Jeudi 5 Mars, nous rejoignons donc sa maison dans ce petit village au-dessus de Cannes, dans l'arrière pays.
Le village de Coursegoules a 500 habitants environ après être descendu à une centaine dans les années 1950. Les monuments caractéristiques de ce village sont :
• Église Sainte-Marie-Madeleine, église romane du XIIème siècle
• Chapelle Saint-Michel, l'édifice est probablement de la fin du XIe siècle bien que certaines études archéologiques font remonter la construction de l'abside au VIe siècle ou VIIe siècle.
• Le jardin du vallon du Brec, labellisé parmi les jardins remarquables des Alpes-Maritimes par le ministère de la Culture.
Mais malheureusement, je n'ai pas eu le temps de faire cette visite complète comme j'ai l'habitude à chacun de mes déplacements.
Le programme chez AM Jaboulet était trop long. Ce sera l'occasion d'une autre visite, à une période où il fera moins froid, le trajet aller, depuis l'autoroute, nous faisait apercevoir la neige sur les sommets.
Le passage du col de Vence, à 962 m d'altitude m'a permis de faire quelques superbes photos.
La végétation est déjà en activité malgré le froid polaire qui souffle à cet endroit. Les chatons de noisetiers et les crocus sauvages à safran sont de sortie.
Et malgré mon attente, pas l'ombre d'un OVNI et pourtant…
L'arrivée sur Coursegoules se fait après une descente de 7 Kms.
Vue panoramique du village
Dès l'entrée du village, l'équipement des chasses neiges est encore présent. Parking en bas du village, il y a très peu de places en haut, et sur cette rue qui monte, au moins trois chapelles ou oratoires dont une très bien restaurée.
La maison d'Anne Marie Jaboulet-Pfimlin est située dans une rue où on ne peut pas aller avec une voiture.
Elle est construite à même le rocher comme on peut le voir sur des photos intérieures et sa vue au Sud est superbe.
Anne Marie Jaboulet et Roger Pfimlin sont des adeptes de la vie, des sorties, du maintien des traditions, de l'accueil et rien de plus normal que de les voir appartenir à plusieurs confréries.
Bien sûr, la Confrérie des Métiers de l'Art Santonnier dont elle est secrétaire
Le Grand Ordre de Rocamadour du Diamant Noir et du Vieux Vin de Cahors http://www.mairierocamadour.fr/fr/association/1/9665/grand-ordre-rocamadour-diamant-noir-vieux-vin-cahors
Académie Gauloise, Les compagnons du Franc Rire
La confrérie des Bergeots de Florennes en Belgique
La Confrérie des Chevaliers du Goûte-Andouille de Jargeau
La Confrérie de l'Olivado de Provence
http://aolivado.over-blog.com/
Et deux confréries lui ont demandé de réaliser les santons des membres l'Olivado de Provence et La Caboche.
Pour ceux qui voudront vite reconnaître Anne Marie Jaboulet lors de prochaines manifestations, je n'ai pas pu m'empêcher de la photographier dans son décor.
Mais à ce que j'ai vu, et à ce qu'ils m'ont expliqué, Roger Pfimlin est inséparable d'Anne Marie. Ils sont mariés depuis une grosse quinzaine d'année et c'est lui le bricoleur, le bâtisseur des fours, l'aménageur de la maison, c'est lui qui tient certaines foires et au moment de la cuisson des fours, il est responsable de cette cuisson et de l'extraction des pièces brûlantes.
Il a réalisé une pièce dont il est très fier, et nous l'avons fait fonctionner. Cette machine à vapeur dans laquelle on enfourne une pipe pour y faire brûler de l'encens par exemple. Et ce n'est pas ni du cinéma, ni de la télé, lui le cousin du Pfimlin qui dirige encore pour quelques temps France Télévision.
Anne Marie est d'abord une santonnière. Elle est sculptrice comme le montre son Frédéric Mistral ou son berger.
Elle réalise beaucoup de santons de grandes tailles.
Mais aussi des santons plus petits, 7 à 8 cm, émaillés et colorés puis passés au procédé du Raku.
Des Nativités en Raku
Et des santons habillés, dont une pâtissière au portrait craché de sa mère.
Nous avons été invités à réaliser nous même une pièce pour comprendre le procédé Raku par nous même.
Elle nous a donc proposé des coupelles dont le biscuit est déjà cuit, qu'elle utilise lorsqu'elle reçoit des groupes pour les initier eux aussi au Raku.
Puis elle nous a donné les pigments qui nous ont permis de peindre nos pièces, des rouges, des bleus…
Nos pièces ont été cuites avec le même four que pour elle, nous allons le voir ensuite, et une fois sorties du four à 1000° environ, nos pièces sont passées dans les sciures de bois qui s'enflamment et qu'il faut compactées afin d'en empêcher la combustion en limitant l'apport d'oxygène au contact de l'émail en fusion.
Cette phase est la réaction d'oxydoréduction au cours de laquelle apparaissent les couleurs plus ou moins métallisées, les craquelures ainsi que l'effet d'enfumage de la terre laissée brute qui forment les principales caractéristiques de ce type de céramique.
Cf Wikipédia
Le résultat est superbe, il faut alors nettoyer et gratter les impuretés colées pour avoir un final très agréable.
Les pièces proprement céramiques non santons d'Anne Marie Jaboulet sont assez exceptionnelles elles aussi.
En ce moment, elle a beaucoup travaillé sur l'œuf pour diverses expositions auxquelles elle doit participer, l'œuf brûle encens, l'œuf cache bougie, l'œuf vide poche et puis sur des roses portes bougies aussi dont nous avons achetés quelques exemplaires.
De cette matinée longue, et avant de passer au four, Roger et Anne Marie nous avaient concocté un repas, toujours ce plaisir de vivre et d'accueillir qui est une constante chez eux. Une daube et des pâtes alsaciennes, origine de Roger et un Bordeaux, entre autre.
Dans une salle à manger où trônent beaucoup de dessins de la maman d'Anne Marie qui était une artiste.
Le début de l'après midi, chargement du four
Allumage du Four qui est une construction de Roger lui-même
Pendant la montée en température qui dure moins d'une heure, c'est le principe du Raku, le biscuit sur lequel est posé l'émail a déjà été cuit auparavant.
Ce laps de temps est réservé à la préparation des bassines qui vont contenir les copeaux de bois pour réaliser la réaction chimique décrite plus haut.
La température atteinte, c'est l'ouverture du four pour y trouver des pièces qui font plus de 1000°, qui en sont rouges et translucides.
L'équipement de Roger et Anne Marie est alors extraordinaire, il faut pouvoir affronter la chaleur du four, sortir les pièces à cette température mais aussi supporter les flammes du feu des bassines de copeaux et les fumées toxiques
Et c'est la sortie des pièces elles mêmes
Et les pièces sont plongées immédiatement dans les bassines de bois, retournées et le feu éteint en permanence par recouvrement pour obtenir la réaction voulue.
Les pièces sorties du four sont mises à refroidir à l'air libre.
Il reste à les nettoyer, ce qui est fait pour nos deux coupelles. Le reste, nous n'y assisterons pas, la route est longue pour rentrer.
Une superbe expérience et merci à cette Santonnière.