Pour préparer ma crèche 2015, j'ai choisi un thème, les villages, les métiers et la communication.
Je ne pense pas que je ferai cette crèche uniquement sur un an, il me faut trop investir en une année, ma crèche sera donc un mixte en attendant 2016.
Mais j'avais besoin de calèches, de charrettes en nombre.
Et puis aussi d'une "patache".
La patache désigna très vite une grosse charrette de transport, à deux roues, non suspendue, datant du règne de Louis XI, et plus tard les coucous, voitures à deux roues pour le transport de passagers.
Puis on appela patache toute voiture hippomobile lourde, lente, de mauvaise qualité, comme pouvaient l'être de vieilles diligences. C'était une sorte de diligence, de voiture publique non suspendue, par laquelle on voyageait à peu de frais.
Les propriétaires ou exploitants de pataches étaient les patachiers, ceux qui en assuraient la conduite ou la garde, les patachons, bien connus pour leur vie dissipée.
Les grands auteurs et peintres Provençaux ou vivant en Provence l'ont faite reine de leurs œuvres.
Jean Giono, écrivain, qui a pris la Patache de Manosque à 11 ans pour rejoindre le plateau du Contadour, en fait un des éléments de son œuvre, Regain, et l'histoire de Redortiers, village qu'il renomma Aubignane, village qu'on rejoignait avec cette patache. Village de Redortiers qui n'est guère fréquenté que par quelques bergers l'été venu, des randonneurs ou des cueil¬leurs de champignons - les "doryphores" comme les appellent les habitants du pays.
Alphonse Daudet utilise la Patache de Tarascon pour en faire le véhicule de conquête de l'Algérie par Tarascon.
Van Gogh affectionne les rêvasseries du Tartarin d'Alphonse Daudet,"la complainte de la vieille diligence".
Alors celui-ci décide de la mettre dans son œuvre. Il la décrit dans un de ses courriers à son frère Théo, et en fait un tableau, "La Diligence de Tarascon".
Le santonnier Gayraud d'Agnel présente une superbe scène représentant Frédéric Mistral et Alphonse Daudet qui attendent "la Patache" pour aller à Tarascon. J'en ai parlé dans :
Sylvie de Marans, santonnière dont j'ai parlé ici :
ou ici :
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2014/10/salon-gard-aux-santons-nimes-2014.html
présente sur ses sites :
http://santonsdesylvie.canalblog.com/
http://santons.sylvie.free.fr/Les%20santons%20de%20Sylvie/
une scène qui met en jeu une patache
Et elle précise qu'elle n'a pas réalisé ces pataches elle-même, qu'elle les a fait construire par un amateur "Amorastérix" dont je vais parler.
Mais avant tout, voici la Patache qui est mon rêve au moment de mes choix, celle que prenait Frédéric Mistral pour ses voyages.
D'abord pour l'admiration que je porte à l'auteur, je rappelle prix Nobel pour son œuvre en Provençal en 1904 et par ailleurs pour la beauté de la machine.
Celle-ci est visible, c'est son original conservé, au palais du Roure à Avignon.
En 1918, Jeanne de Flandreysy, grande admiratrice et amie de Mistral, décida de rendre son prestige au palais du Roure. Elle entreprit d’y créer un foyer de culture méditerranéenne. Un étage est consacré à l’ethnographie provençale : santons et crèches des XVIIIème au XXème siècles, costumes traditionnels, art populaire, outils anciens.
On peut y découvrir la célèbre presse qui servit à imprimer la première édition de Miréio en 1859, chef d’œuvre de Frédéric Mistral, ainsi que l’Aïoli, journal provençal créé au palais du Roure par Mistral et Folco de Baroncelli (1869-1943).
Et la patache (diligence) de Maillane.
La visite du blog de "Amorastérix" est fascinante.
http://amorasterix.over-blog.com/
J'ai réussi à établir le contact avec lui et lui demander de me réaliser deux pièces, une Patache bien sûr et une charrette de voyageurs.
Il m'a donc donné rendez vous pour me connaître, il veut comprendre le projet avant de l'accepter et surtout, il veut échanger pour connaître les goûts du demandeur. Il en accepte peu car il ne souhaite pas en faire son activité.
Je lui ai d'abord montré des charrettes de passagers qui me plaisent, celles que j'ai pu montrer à Ruralia à Gémenos ici
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/search/ruralia/
Puis je lui ai envoyé des photos de Pataches
Il m'a alors proposé de lui rendre visite pour voir les travaux qu'il conserve pour lui ou sa famille. Une brouette par exemple
Des charrettes qu'il a réalisées
Et bien sûr, des Pataches car il n'en a pas fait que pour Sylvie de Marans mais pour lui aussi et d'abord.
Nous avons pu alors établir un cahier des charges à partir de mes goûts, de mes souhaits sur quelques exemples de produits. Il était bien entendu compris que son travail impliqué aussi son imagination sur le moment.
Pendant tout son travail, sur plusieurs mois, il a eu la gentillesse de me faire parvenir quelques photos de l'avancée des travaux.
Voilà les produits finis pour moi, ils sont chez moi. Les roues tournent, les axes d'attelage sont orientables.
J'ai déjà passé une commande de chevaux pour les attelages auprès d'un santonnier, sachant que je veux des chevaux avec les 4 pattes libres, des harnais pour l'attelage. Il ne me reste plus qu'à trouver des peintures pour d'abord faire "boire" le bois et colmater ce qui doit l'être. Puis ensuite, sur ces surfaces lisses, je vais pouvoir laquer en vert la Patache et en noir la charrette de passager.
Et puis ma douce va réaliser des vraies bâches en toile de lin, elle qui est une couturière émérite puisqu'elle réalise de nombreux vêtements et en particulier les costumes provençaux que nous utilisons pour les fêtes du village.
Mais ces costumes feront l'objet d'un sujet particulier.