Avignon, Palais du Roure 1/2

L'arrivée à Avignon, à chaque fois que nous nous y rendons, se fait par le Sud où nous nous garons sur les nombreux parkings en dehors des murs de la vieille ville. Toujours le même plaisir de voir ces enceintes, et d'attendre leurs complètes restaurations.

Le Palais du Roure

Deux Florentins, Pierre et Carle Baroncelli, sont arrivés en Avignon au milieu de XVème siècle. Pierre épouse une Avignonnaise, et, logé par son beau-père, il rachète vite le logement en 1469 et la famille Baroncelli logera dans cette demeure jusqu'en 1908.

La maison est complètement rénovée et transformée au XVIIème siècle. La cour est agrandie, le puits de la cour est détruit, un escalier d'honneur est créé et il devient la pièce maîtresse de ce Palais Roure.

Il conduit au 1er étage où sont les appartements de la famille, les étages supérieurs sont atteints pas l'escalier de service.

Jeanne de Flandreysy rachète ce Palais du Roure. Elle a fait connaissance de Frédéric Mistral dès 1900 et entame alors une croisade pour défendre la culture provençale et méditerranéenne.

Elle rencontre le Marquis Folco de Baroncelli en 1908 lors du tournage de Mireio en Camargue.

Quand le Palais du Roure est en vente en 1918, elle le rachète pour abriter toute la richesse documentaire qu'elle a amoncelée pour en faire un temple de la culture latine.

Elle va y accueillir en particulier le peintre belge Henry de Groux, et pourra y conserver la plus belle collection de cet artiste.

Elle se mariera en 1936 avec le Commandant Emile Espérandieu, éminent archéologue. Avec lui, elle va donner une nouvelle impulsion et créer une Fondation qui sera léguée à la ville d'Avignon à sa mort en 1959.

C'est ce Palais du Roure qui a accueilli, cette année du centenaire du décès de Jean Henri Fabre, une exposition.

Mais nous avons pu profiter de cette visite pour faire d'abord une visite complète du palais dans sa partie restaurée.

Les grands travaux de restauration entamés par la ville d'Avignon depuis quelques années ont permis d'abord de restaurer le porche d'entrée et la façade de la rue, et les toitures Ouest et Nord.

La suite des restaurations concernera les autres toitures puis la cour intérieure et les pièces, ce qui permettra peut-être d'enfin redescendre les calèches et presses d'imprimerie sauvegardées sous les toits, à l'époque de Jeanne de Flandreysy, ce qui les rend difficilement visitables.

La place qui amène vers l'entrée du palais Roure contient à juste titre l'une des plus belles statues de Mistral. Et c'est pour la première fois depuis longtemps pour moi, la découverte de la façade rénovée, avec le blason des Baroncelli suite à leur anoblissement au XVIème siècle par le Saint Siège.

La cour, non rénovée, permet de voir, en un de ses angles, l'escalier extérieur, celui qui permet, avec l'escalier de service, de desservir tous les étages, contrairement à l'escalier principal d'honneur.

Sur les murs sont accrochées plusieurs des nombreuses cloches collectionnées par Mme de Flandreysy. Près de 200 pièces sont collectionnées et difficilement visitables car toutes éparpillées dans les pièces et sur les murs. Cette collection, l'une des plus importantes de France, a été construite par cette propriétaire pour les dédier à des artistes, à des grands hommes, ainsi, nous verrons même une clochette offerte par Jean Henri Fabre et certifiée de sa main.

Frédéric Mistral avait dit d'Avignon qu'elle était "la sonneuse de joie" à cause de ses cent clochers, d'autres auteurs comme Victor Hugo ou Rabelais sont amenés eux aussi à parler des cloches d'Avignon, une collection justifiée en somme.

L'escalier de service, situé à la jonction des façades Ouest et Nord a été rénové pour ses vitraux par Mme de Flandreysy avant sa mort. Plusieurs cloches y sont aussi.

La pièce au plafond (son plafond était protégé par un faux plafond) est meublée de pièces assemblées par la propriétaire dont de nombreux coffres, des porcelaines d'Apt, une cheminée provençale et la chaise à blasons de la famille Baroncelli suite à son anoblissement.

Le boudoir proche est une vraie caverne d'Ali Baba, la pièce réservée à Mme de Flandreysy pour y accumuler tous les trésors provençaux qu'elle voulait sauver puis exposer.

C'est là qu'elle commence à entasser ce qu'elle veut pouvoir exposer dans sa future "Villa Médicis" Provençale. Elle s'associe à un mécène Marseillais, Jules Charles-Roux qui décède très vite. Elle continue son projet avec son père pour continuer ce qui va devenir le "Centre de Culture Méditerranéenne du Palais du Roure".

On peut y trouver des instruments de musique, des cloches.

La Salle à manger est dédiée à Pétrarque. Elle est meublée en XVIIIème, un buffet deux corps, une panetière fixée au mur, meuble typiquement provençal, un ramasse miettes pour des chapelures futures.

Le salon dit Semenov, un couple d'aristocrates Russes qui affectionnaient Avignon, peints sur des tableaux et qui invitaient souvent Mistral, Daudet, Arène pour des soirées "provençales" dans le château du Chêne Vert qu'ils avaient fait construire.

C'est dans cette habitation qu'en 1872, au cours d’une autre felibrejado organisée par Nicolas de Semenov, dans sa propriété du Chêne Vert aux Angles, le célèbre poète romantique espagnol Zorilla y Moral offrit aux félibres, au nom des catalans, une coupe d’argent, pour laquelle Mistral composa la Cansoun de la Coupo qui deviendra la Coupo Santo et l’hymne du Félibrige.

Au dernier étage, on peut trouver la presse qui permit d'imprimer "L'Aioli", ce journal édité les 7, 17 et 27 de chaque mois de 1891 à 1899. Le rédacteur en chef en est Folco de Baroncelli, il est écrit en provençal entièrement et organise la défense contre les franchimands.

L'en tête en est :

Nàutri, li bon Prouvençau,
Au sufrage universau, 
Voutaren pèr l’òli
E faren l’aiòli.

La Pièce à côté contient de nombreux livres fermés dans des bibliothèques vitrées, de nombreux outils anciens, mais surtout l'ancienne patache que prenait Mistral pour rejoindre Graveson et la route principale qui allait en Avignon, Tarascon et Arles. Quand Mme de Flandreysy a rénové le toit du Palais, elle a sauvegardé cette patache et elle l'a faite monter sous les toits pour la sortir de l'humidité.

La prochaine restauration du toit actuel permettra de la redescendre pour la mettre dans une salle du Rez-de-chaussée aux yeux du public.

C'est cette patache que j'ai faite construire pour ma crèche 2015. Construction et résultat à voir ici

Amorasterix, charrettes et Pataches - l'estrangiè e li santoun

Pour préparer ma crèche 2015, j'ai choisi un thème, les villages, les métiers et la communication. Je ne pense pas que je ferai cette crèche uniquement sur un an, il me faut trop investir en u...

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/09/amorasterix-charrettes-et-pataches.html

Suite à venir ici :

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/09/avignon-palais-du-roure-2-2.html

Et les visites aux Expositions sur Jean Henri Fabre, ce même jour, à venir ici :

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/09/avignon-jean-henri-fabre-palais-du-roure.html

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/09/avignon-jean-henri-fabre-musee-vouland.html