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Un récapitulatif de ce qu'est la fête de Noël, la crèche en Provence me paraît intéressant pour compiler toutes les dates importantes et les rites qui y sont associés.

Loin de moi de vouloir tout relater ou d'être trop complet, il faudrait des pages et des pages. Non, juste une compilation de sujets à se souvenir.

L'avent est la période qui couvre les 4 dimanches précédents le jour de Noël, ce sont des jours de jeûne.

Huit jours avant Noël, c'était les jours où on "sonnait les eaux", à l'église on entonnait tous les chants commençant par "O", comme les "O, Rèi de Glori", O, Mater de Dièu".

Le 4 Décembre, jour de la Ste Barbe et des 3 "sietoun"

Ce jour là on sème du blé sur ces cotons humidifiés pour qu'il germe et devienne le plus haut possible à Noël.

Signe de fertilité, de verdure, de protection contre les orages physiques et humains.

Ste Barbe, au moment de sa mort par son propre père, un éclair vient foudroyer le bourreau.

C'est ainsi qu'elle est devenue la Ste des Artilleurs et des Pompiers.

Les "sietoun" (petites assiettes) sont au nombre de trois parce qu’elles représentent le Père, le Fils et le Saint Esprit (symbolique trinitaire).

Le 13 décembre, jour de la Sainte-Luce :

la fête de la lumière À partir du 13 décembre, les jours commencent à allonger. Pour accompagner ce retour à la lumière, on illuminait chaque soir jusqu’à Noël, façades, balcons ou fenêtres avec des lanternes et des bougies.

Cette tradition perdure avec l'illumination des villes, mais aussi avec celle des maisons et ce sans retenue malgré les pollutions lumineuses et les dépenses d'énergie que cela représente.

La lumière qui revient c’est le renouveau et, pour les chrétiens, le renouveau c’est le christ, c’est l’enfant Jésus.

Le 24 décembre, la veille de Noël : la crèche

Toute la famille partait courir la colline et les bois pour récolter verdure, buis, thym, olivier, pin, mousse, houx, laurier-tin, mais aussi cailloux, pommes de pin, morceaux d’écorce… qui servaient à "construire" la crèche familiale. Celle-ci comprend obligatoirement le pays. Une vraie crèche ne peut se contenter de l’étable qui abrite la Sainte famille.

Et je reviendrais là-dessus plus tard, n'en déplaise aux chafouins, c'est ce qui différencie la crèche religieuse, les Santibelli italiens, des santons Provençaux.

Le mot "crèche" désigne dans son sens premier une mangeoire. Au sens dérivé, ce mot est devenu la représentation de la Nativité.

Au XIXème siècle, la crèche familiale se banalise avec la Révolution française qui interdit toute manifestation religieuse. Vu l’attachement des provençaux à cette fête et à ses rites, ils se sont mis à fabriquer ou à acheter des santons pour faire la crèche chez eux.

La crèche n'est plus uniquement la Nativité. Si celle-ci reste le centre de ce spectacle, elle est entourée de tous les personnages de la vie du village.

Et cette crèche s'est arrêtée au milieu du 19ème siècle, début du 20ème.

La Nativité proprement dite : Marie, Joseph, Jésus, l’âne et le boeuf et l’ange Boufaréu.

Les métiers : le berger, le meunier, le boulanger, la poissonnière, la laitière, la femme au berceau, la lavandière, la marchande de limaçons, la marchande de brousse…

Les porteurs d’offrandes : la jeune femme avec un enfant dans les bras, le pêcheur, le chasseur, la femme à la chèvre, la femme à la cruche, la femme à la jarre, la femme à la poule noire, le jardinier, la vieille à la lampe, ………

Les notables, artistes, travailleurs… : la cueilleuse d’olives (l’oulivarello), et les ramasseurs d’olives, le semeur, la fileuse, Monsieur le Maire, Monsieur le curé, les musiciens et les musiciennes, les danseurs..

Et tous ces personnages issus des Pastorales nommés par des surnoms qui peuvent être différents selon les Pastorales (Maurel, Chave, Audibert, Audouart, ..)

Pistachié, Barthoumiéu, Jiget, Margarido, Jourdan, Grasset, Grasseto, Roustido, Ravi, …

Les animaux : les moutons, les chiens de berger, les ânes, tous les animaux de la ferme, les chameaux, les dromadaires, l’ours, le singe et le chat qui peuvent accompagner la bohémienne.

Mais attention : les serpents et les bêtes sauvages sont interdits !

Et puis sont interdits aussi les curés, les églises (pas les chapelles et les oratoires) les pompiers, les skieurs, les médecins d'aujourd'hui…les sapins, toutes choses qui font florès malheureusement.

Quatre éléments doivent figurer :

La terre est représentée par les collines, les chemins, les champs et les restanques… 
L’eau, par la rivière, les étangs, les fontaines, les puits, les abreuvoirs et les lavoirs… 
L’air, par les ailes du moulin, les pierres sur les toits qui retiennent les tuiles les jours de mistral, ou encore la cape des bergers qui s’envole… 
Le feu, par la petite veilleuse ou la bougie que l’on laisse éclairées devant l’étable, le feu dans le campement des « boumians » et l’étoile du berger.

Règle importante :

On ne tourne pas autour d’une crèche. Où qu’elle soit installée, il faut l’appuyer sur un fond. On n'y dépose l’enfant Jésus qu’en revenant de la messe de minuit, ou en tout cas pas avant minuit ! La veilleuse de la crèche doit rester allumée quarante jours. Celui qui l’éteint peut mourir dans l’année…

La crèche doit demeurer en place quarante jours, parce que, au siècle dernier, une femme qui venait d’accoucher ne devait pas sortir pendant quarante jours.

Le quarantième jour elle se rendait à l’église avec son nouveau-né pour la messe des relevailles. La Vierge Marie de la même façon quitta l’étable le 2 février, quarante jours après la naissance de son enfant, pour aller le présenter au temple.

On verra ce sujet dans la crèche blanche.

Les arbres et arbustes de décoration

En Provence, c'était le laurier-tin qui était suspendu au-dessus de la table du gros souper ou partout ailleurs dans la maison et à l’extérieur.

Le sapin de Noël est une invention importée en France en 1840 par la princesse Palatine et la duchesse d’Orléans qui l’introduisirent à Paris.

Ce rite descend ensuite et plus tard en Provence mais n'est pas là quand les premières crèches sont créées et que les Pastorales sont écrites. Frédéric Mistral dénonçait cette déviance des coutumes Provençales dans un écrit superbe parut en 1896 dans "L'Aiòli".

Il y dénonce ce snobisme (mot Anglais) d'avoir des arbres de Noël qu'il faut payer plutôt qu'un beau "cacho-fio", de penser aux pauvres, de donner des cadeaux normaux aux enfants, avec des nougats, de la pompe à l'huile, …autour d'une crèche de santons plutôt que des cadeaux de "Christmas". Il est vrai que le marketing de "halloween" semble aussi prendre le dessus.

Le laurier-tin demeure vert et se couvre de boutons de fleurs roses au cœur de l’hiver.

Le houx (ou le « fragon » petit houx) plante à feuilles persistantes donne des fruits au solstice d’hiver ; avec ses baies rouges. Il symbolise la continuité de la vie quand tout le reste dort.

Le gui était sacré pour les Grecs et les Romains. Aujourd’hui, s'embrasser sous le gui reste un symbole de fécondité et de paix.

Le 24 décembre, la veille de Noël : le gros souper

Le gros souper avait lieu le soir du 24 décembre pour permettre d'aller à la messe de minuit. Le couvert devait rester mis trois jours.

Il y avait trois nappes blanches, la première nappe pour le gros souper, la deuxième pour le jour de Noël, la troisième pour le lendemain de Noël.

On y posait les trois coupelles de blé de la Ste Barbe, trois bougies et la vaisselle plus une pour le pauvre.

Il y avait treize desserts : figue, amande, noix, noisette, raisin pendu, melon, pomme, poire, nougat, pâte de coing, pompe à l’huile d’olive et oreillettes, le tout accompagné de vin cuit.

Le repas : 7 plats étaient accompagnés de 7 vins pour rappeler les 7 sacrements (le baptême, le mariage, la confession, l’ordination, l’eucharistie, la confirmation et l’extrême-onction).

Le 24 décembre, la veille de Noël : la cérémonie du « Cacho Fio »

Avant le gros souper, lorsque la table était dressée et que le feu dans la cheminée était allumé, le plus âgé de la famille et le plus jeune prenaient ensemble une bûche provenant d’un arbre fruitier et pas d'un figuier car Judas s'y est pendu.

Ils devaient faire trois fois le tour de la table avant de la poser sur le feu. On « boutait » (mettait) alors le feu à la bûche qu'il fallait entretenir et relancer jusqu'au feu purificateur de la Chandeleur. Les cendres de ce feu ont des multitudes de propriétés pour la maison et les animaux.

La crèche vivante

C’est une tradition très ancienne qui consistait, pour un groupe de personnes, à se costumer et à prendre place dans l’église de façon à figurer, le soir de Noël, la crèche de Bethléem.

Les autres personnages de la crèche, avec les bergers, les moutons et les ânes, défilaient dans les rues du village en costume traditionnel, à la seule lumière des lanternes et se rendaient à l’église.

Elle est encore d'actualité dans une ville comme Allauch la nuit du 24 Décembre.

Le pastrage, l’adoration des bergers

Pendant cette crèche vivante, les bergers attendent avec leur troupeau à la porte de l'église. Une "caretto ramado", charrette décorée aux rouge et or de la Provence permet de transporter l'agneau, c'est la période des naissances, agneau qui sera béni par le curé lors de la messe.

C’est le sacré qui émane du pays, des animaux, du travail quotidien, associé à la liturgie. C'est cette même symbolique que l'on retrouve pour la St Eloi et qui est parfaitement respectée dans le village de Roquefort la Bédoule contrairement à nombre d'autres villages.

Voir :

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/07/roquefort-la-bedoule-saint-eloi-2015-2-4.html

Le 25 décembre : le jour de Noël

C'est le jour de la dinde farcie. L'après midi sert à échanger des visites.

Le 26 décembre : le lendemain de Noël

Le 26 décembre était autrefois un jour férié : tout était fermé et les journaux ne paraissaient pas. On mangeait l’aïoli en famille. C’était le repas d’adieu.

Le 31 décembre, le dernier jour de l’année : la Saint-Sylvestre

On réveillonnait jusqu’à minuit afin de se souhaiter la bonne année en s’embrassant sous le gui. Le lendemain 1er jour de l’an, on ne travaillait pas et surtout on ne devait pas faire la lessive.

Les enfants allaient souhaiter la bonne année aux parents et aux amis proches. Ils recevaient des étrennes.

Cette journée de fête se terminait par un grand bal.

Le 6 Janvier, jour de l’Épiphanie : la galette des rois

L’arrivée des rois est annoncée dans toutes les rues du village au son des tambourins et des galoubets.

Remarque importante pour la crèche : C'est le 6 Janvier que les rois sont mis dans la crèche, ainsi que l’étoile aux seize rayons.

Les rois mages sont les seuls santons qui ont le droit de se déplacer. Ils passent d'abord des hauteurs, puis chaque jour ils approchent de l’étable, pour y arriver le matin de l’épiphanie.

Les enfants étaient envoyés aux 4 coins du village pour attendre les Rois mages qui devaient arriver derrière les collines.

Au soir, les enfants rentraient sans les avoir vus mais des gâteaux en couronnes les attendaient, ceux laissés par les Rois Mages qui étaient arrivés bien sûr par l'autre côté et qui n'avaient pas pu attendre les enfants.

Un très beau texte de Monique Granoux-Lansard, "Lei Rei à-z-Ais" relate cette tradition dans son livre "Noël en Provence".

Ces gâteaux en forme de couronnes décorées de fruits confits aussi rutilants que les pierres précieuses des couronnes des rois contiennent une fève, transformée souvent maintenant en petit personnage par les pâtissiers, celui qui la trouve est le Roi ou la Reine et doit offrir un nouveau gâteau, ce qui permet de prolonger les réjouissances tout le mois de janvier et parfois même en février.

Dans les symboliques fortes de ce rite, il y a bien sûr ces rois qui symbolisent un des trois continents alors connus : l’Afrique, l’Europe et l’Asie ainsi que les trois âges de la vie : la jeunesse, l’âge mûr et la vieillesse.

Mais ils doivent aussi être considérés comme des prêtres purificateurs venant à la fin d’une période de 12 jours, période impure inhérente à toute naissance.

La présence de la fève n'est pas anodine non plus : La fève est un légume consommé depuis la préhistoire, c'est la première légumineuse du printemps.

Aujourd’hui, elle est toujours le symbole de la chance. Quelqu’un de "fava", en provençal, est un homme chanceux (on retrouve la racine "fav" dans les mots français comme : faveur, favorable, favorisé).

La Chandeleur

À la chandeleur, on fait sauter des crêpes avec dans la main une pièce d’or. C’est à la Chandeleur seulement, le 2 février, que l’on défait la crèche.

Elle est restée en place quarante jours, conformément à la coutume datant du siècle dernier selon laquelle une femme qui venait d’accoucher ne devait pas sortir de sa maison pendant quarante jours.

De même la Vierge Marie quitta l’étable le 2 février, quarante jours après la naissance de son enfant, pour aller le présenter au temple.

Les santons peuvent regagner leur boîte en carton attendre Noël prochain.

La Crèche Blanche

Le cycle de 40 jours avant que l'accouchée Marie ne puisse aller au temple présenter son enfant mène donc au 2 Février. Ce cycle évangélique rattache la crèche à la tradition chrétienne.

C'est ce jour là que le prophète Siméon va proclamer Jésus "Lumière des Nations" d'où la fête de la Chandeleur ou fête des Lumières. Le nom de crèche blanche peut venir de plusieurs traditions. Des draps blancs étaient là pour masquer la crèche de Noël.

Ces draps servaient alors de fond à la reconstitution de la présentation du Seigneur au Temple, avec des personnages spécifiques ou des santons que l’on rhabillait spécialement pour la circonstance.

Ou alors, selon l’usage pour les relevailles, Marie devait sacrifier 2 colombes blanches "l’une en holocauste, l’autre pour le péché". La couleur du plumage des oiseaux aurait donné le nom à la crèche.

Le décor est simple : Des colonnes et la menora (cierge à sept branches) évoquent le Temple.

Les personnages sont :

- Marie avec l’enfant dans les bras

- Joseph qui vient de lâcher un couple de tourterelles.

- Le grand prêtre - Anne la prophétesse dans sa cape foncée

- Siméon qui va réciter une action de grâce “Lumière des Nations”

On peut y rajouter la fuite en Egypte, Joseph tirant l'âne sur lequel est assise Marie, son enfant dans les bras.

Et certaines Eglises, surtout italiennes, rajoutent le massacre des Innocents, tous ces enfants de moins de 2 ans dont Hérode avait ordonné le massacre pour être sûr que Jésus n'en réchapperait pas.

On peut y rajouter la fuite en Egypte, Joseph tirant l'âne sur lequel est assise Marie, son enfant dans les bras.

Et certaines Eglises, surtout italiennes, rajoutent le massacre des Innocents, tous ces enfants de moins de 2 ans dont Hérode avait ordonné le massacre pour être sûr que Jésus n'en réchapperait pas.

Cette crèche peut être démontée donc à Pâques. Une autre tradition veut que les jeunes filles en âge de se marier, et qui l'espéraient, aient une crèche blanche sur leur table de chevet pour signe de pureté, d'attente d'enfant et de piété.

Tag(s) : #Santon et Santonnier
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