J'ai déjà de nombreuses fois parlé de ce santonnier.
Je l'ai souvent rencontré et j'ai toujours été admiratif de son travail, de son œuvre. Comme par exemple ici :
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/12/six-fours-biennale-des-santonniers-2015.html
J'en ai parlé ici en particulier :
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/12/orange-7eme-salon-des-santonniers-2-2.html
C'est là que j'ai pu avoir mes premiers achats, commandés au salon de Six Fours, car Serge Vincent ne peint ses santons qu'en fonction des besoins ou des envies de ses acheteurs.
C'est là aussi que nous avions décidé que je puisse lui rendre visite dans son antre.
Serge Vincent est installé et travaille à plein temps pour sa passion, la peinture, la sculpture et les santons depuis la fin des années 1990. Avant il avait un travail moins poétique mais nécessaire.
Son atelier ressemble en tout point à ceux de tous les santonniers qui travaillent comme des artisans, les moules, le four (ici il y en a deux), les étagères pleines des figurines prêtes pour les futures expositions, d'autres en train de sécher avant de passer au four.
Mais une grande différence existe chez lui, ce sont ses œuvres réservées, celles qui l'ont marqué, celles qui ont été un moment important de sa vie, celles dont il ne souhaite pas se séparer en réalité. En particulier, ce chien qui a été son premier bronze.
On peut voir aussi quelques unes de ses peintures.
C'est alors la découverte de ses pièces qui sont sur ses étagères, de ses santons.
Serge Vincent est un santonnier particulier. Il réalise bien sûr quelques santons traditionnels, mais surtout, son travail est particulier.
Il est chercheur pour pouvoir réaliser des métiers, des situations précises, particulières qui font de lui le santonnier des métiers perdus, des métiers du 19ème et début 20ème siècle, de ces mises en scène qui rendent une crèche inédite, personnelle.
C'est pour cela que ses santons ne sont pas peints, il peut les peindre à la demande comme pour moi, mais toujours en respectant ces habits réels qui existaient à l'époque des métiers qu'il présente.
Le boucheur de bouteilles ou l'artisan qui réalise des boudins ou des pâtons pour les tuiles, la première machine à créer des boudins pour faire des tuiles.
Une charbonnière du début 20ème siècle, une charbonnière en tôle qu'il a pu voir dans les bois de son village, un système qui relégua aux oubliettes les charbonnières du 19ème siècle.
Un charron qui répare les roues des charrettes, un ciergier qui réalise des cierges en présence de son commanditaire, un moine ou un curé. Un colleur d'affiche si réel.
Toutes ces scènes aussi autour du cochon qu'on tue à la ferme, la cuisson des jambons, l'étripage du cochon, sa cuisson à la broche.
Le travail du bois avec le Corroyeur de planches, le doreur de cadres, le rusquier de chêne liège, le scieur en long et ce taraudeur de bois si important pour faire des tuyaux par exemple pour les fontaines, métier si peu connu.
Les métiers de la construction comme ces maçons de Valensole qui coffrent les murs avant de bâtir avec des cailloux et de l'argile, des créateurs de moellons d'argile, de carreaux et ces tailleurs de marbre.
D'autres métiers encore comme le réparateur de cloches, ou le fondeur de cloches.
L'imprimeur d'indiennes, les tissus si nécessaires dans les vêtements de Provence. La marchande de glace avec son gobelet mesure en bois. Ceux qui travaillent à la presse à châtaigne pour en faire de la farine, ou la presse à fromage pour faire des fromages de chèvres.
Et puis deux métiers amusants. Le pompier dans son costume réel de 1831 avec une copie de sa machine, enfin un vrai pompier que l'on peut mettre dans une crèche sans faire d'anachronisme. Et pour finir, un vrai travail qui existait dans le sport, les porteurs de rames qui portaient celles-ci en tête bêche pour pouvoir avoir un champ de vision partiel chacun et éviter les chocs ou les accidents. Même cette réalité est représentée.
Pour ma part, j'ai bien sûr cédé à mon désir d'équiper mes décors en achetant trois pièces, dans le travail du bois, le taraudeur, le rusquier et le corroyeur de planches. Des achats que j'aurai plus tard, sur un futur salon lorsqu'ils seront peints.
Un santonnier qu'il faut voir sur les quelques salons où il est, Orange cette année encore car il n'expose que peu et n'a pas de site Internet, il fallait donc que je vous le présente. Par contre, il accueille très volontiers dans son atelier.