A St Avit dans le Gers, le château de Lacassagne a été construit entre les XIIIe et XIXe siècles. Il est connu pour abriter la réplique de la salle du conseil des grands maîtres de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ou chevaliers de Malte, dont l’original se trouve à La Valette, sur l’île de Malte.
Le château se trouve dans un parc à l’anglaise créé au XVIIe siècle.
Le château a été construit par étape à partir de la tour carrée du 13ème siècle. Les tours rondes ont été rajoutées au 17ème, elles sont d'ailleurs reliées par un balcon sur corbeaux depuis le 18ème siècle.
Les étages sont desservis par l'escalier initial de la tour carrée et un autre escalier existe aussi dans une tour ronde.
Les communs datent de 1850 avec l'Orangerie.
Le tout est classé Monument historique avec la salle des Chevaliers de Malte et les décors qui y sont.
Arrivé au premier étage, nous trouvons la Chapelle du Château avec un Maître-Autel décoré de superbes tapisseries.
La pièce la plus importante est la Salle des Chevaliers de Malte qui a été créée dans les années 1620 sur ordre du propriétaire Jean-Bertrand de Luppé du Garrané, chevalier dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, prieur de Saint-Gilles. Le château, depuis 1582, est resté propriété de sa famille jusqu’à une période récente.
La salle, qui fait plus de 100m² et 5m de hauteur, abrite quatorze grandes peintures qui représentent les épisodes du Grand Siège de Malte par Soliman le Magnifique, en 1565, ainsi qu’un portrait en pied de Jean-Bertrand de Luppé. On trouve aussi des lambris de chêne, une cheminée monumentale en bois.
Ces toiles furent exécutées sur place, à La Valette, par des artistes de l’école italienne, qui ont copié les œuvres originales, les fresques de Matteo da Leccio (peintre italien maniériste) qui se trouvaient dans la salle du conseil des grands maîtres de l’Ordre.
Les boiseries et les poutres du plafond ont également reçu une décoration peinte. Sur les poutres, quarante cartouches représentent des vues de Malte.
Douze tableaux reprennent les originaux de d’Aleccio (l’un d’eux a été coupé en deux pour s’adapter aux dimensions de la salle et de ses fenêtres), un treizième est ajouté, représentant une vue de La Valette, qui figurait dans les recueils de gravures mais pas dans les peintures d’origine, et le quatorzième est le portrait posthume de Jean Bertrand de Luppé.
Cette collection du Château de Lacassagne est la seule collection complète qui reste de ce travail de représentation de la guerre de 1565.
Cet ensemble de tableaux, de copies de fresques, relate une très grande bataille qui dura de Mai 1565 à Septembre 1565, soit 4 mois.
Cette épopée relate comment 500 chevaliers assistés de quelques milliers d’hommes d’armes et d’habitants résistèrent à l’assaut gigantesque de plus de 30.000 attaquants barbaresques, une bataille qui est essentielle dans la certitude que la civilisation chrétienne peut résister et gagner.
La Valette est alors dirigée par un homme, un moine-soldat, le chevalier Jean Parisot de la Valette, grand maître de l’Ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem.
Il vient en quelques années de remettre en ordre de marche les forces des chevaliers, de rétablir l'ordre et de renforcer la marine des soldats de l'Ordre de Malte.
Il sait que les menaces d’une attaque ottomane contre l’île de Malte résonnent à l’horizon. Le Dragut, amiral turc, un des corsaires les plus célèbres de l'Empire ottoman va attaquer son pire ennemi sur Malte avec l'aide de Soliman le magnifique.
Alerté des préparations de cette attaque, la Valette s'active à ses défenses, élève des fortifications. Il demande de l’aide et des renforts auprès des princes chrétiens et du pape. S’il reçoit une aide financière, aucun ne lui envoie des renforts en hommes d’armes !
C'est un affrontement de 700 chevaliers de Malte et 8000 soldats de leurs galères d'un côté et de l'autre, 200 navires, 40 000 soldats dont les célèbres janissaires.
La veille du débarquement de ces troupes immenses, le chevalier Jean Parisot de la Valette va galvaniser ses troupes en leur tenant ce discours qui semble encore éternel.
C’est la grande bataille de la Croix et du Coran qui va être livrée. Une armée formidable et une nuée de barbares vont fondre sur cette île ; ce sont, mes frères, les ennemis de Jésus-Christ ; il s’agit aujourd’hui de la défense de la foi ; et si l’évangile doit céder au Coran, Dieu nous redemande la vie que nous lui avons déjà engagée par notre profession. Heureux ceux qui pour une si bonne cause consommeront les premiers leur sacrifice ; mais pour nous en rendre digne, allons, mes chers frères, au pied des autels renouveler nos vœux, et que chacun puise dans le sang même du Sauveur des hommes et dans la pratique fidèle des sacrements ce généreux mépris de la mort qui peut seul nous rendre invincibles !
La baie de La Valette est constituée de 3 pointes avec le Fort St Elme, le Fort St Ange protégé par la Porte de Castille et le Fort St Michel.
Ce décor est posé, les tableaux vont pouvoir se dérouler comme la bande dessinée historique relatant cette histoire.
Le premier tableau relate l'arrivée des navires turcs sur le Nord de l'Ile, la capitale et sa baie se trouve au sud. C'est le 18 mai 1565.
Ensuite les troupes turques traversent l'Ile et vont reconnaître les fortifications.
Elles sentent le souffle du Moine-Soldat qui est exprimé par la présence de la Trinité en haut du tableau. Le Dagut et Soliman les voient et les montrent du doigt. C'est le 21 Mai.
Les troupes vont commencer par le siège des batteries de St Elme, la péninsule centrale. Ce siège va durer du 24 Mai au 23 Juin.
Le siège commence.
La prise de St Elme se fait au prix de morts importantes. Dragut et l’Aga des janissaires sont mortellement blessés par un boulet de canon, comme montré sur le tableau.
Cette bataille va voir quelque 8.000 à 10.000 hommes du sultan périr alors que les chrétiens ne perdent que 1 500 soldats dont 120 membres de l’Ordre.
Les corps des chevaliers morts sont décapités et leurs troncs cloués sur des planches en forme de croix avant d’être tous jetés à la mer en signe d'avertissement. Le siège de St Michel va commencer ainsi dès le 27 Juin.
En vengeur de la cruauté de l’ennemi, et pour faire comprendre aux officiers du sultan de ne pas faire la guerre en bourreau, la Valette fait décapiter les Turcs prisonniers et envoyer leur tête en guise de boulets de canon.
Le vendredi 29 juin, les chrétiens reçoivent, envoyés par le vice-roi de Sicile, un renfort inespéré de quatre vaisseaux avec 42 chevaliers (dont deux neveux de la Valette), 25 gentilshommes volontaires, 56 canonniers et 600 fantassins.
Le siège de la Porte de Castille commence.
Les Turcs commencent ainsi l'assaut par mer et par terre de l'Ile de St Michel dès le 17 Juillet.
A lieu le premier assaut contre la porte de Castille le 21 Juillet.
C'est les échanges de tirs entre toutes les batteries.
En Sicile, des voix commencent à se lever pour réclamer une intervention armée de secours. Si Malte tombe, le prochain terrain de conquête ne sera-t-il pas la Sicile et l’Italie du Sud ? Aussi don Garcia, cédant à ces instances pressantes, écrit-il à la Valette pour l’informer que deux galères armées avec 200 chevaliers viendront participer à la défense de Malte pour la fin du mois.
Le 25 août, sans que la Valette en soit avisé, le vice-roi avec 8.000 à 12.000 soldats met les voiles sur Malte. Mais une tempête puis le mauvais temps rendra difficile la progression. Ce n’est que le 7 septembre que les hommes débarquent sur la plage de Mellieha.
C'est alors la fuite des troupes turques qui repartent vers le Levant. L’évacuation a lieu le 8 septembre, en la fête de la Nativité de Notre-Dame.
De Jean Parisot de la Valette, à sa mort en 1568, il fut reconnu qu'il fut la terreur de l’Afrique et de l’Asie, le bouclier de l’Europe quand il chassa les Barbares de ses armes saintes. L'histoire va retenir qu'il fut le vainqueur de Soliman : des trois sièges menés par les grands maîtres de l’Ordre contre l’islam, celui de 1565 fut, au dire de la chrétienté, le plus spectaculaire et le plus valeureux, fruit d’une fidélité sans faille.