Le décor du Mucem reste toujours aussi prenant, les dentelles sont belles et le Fort St Jean a reçu une rénovation de qualité.
J'ai déjà visité ce monument plus de 3 fois et je reste toujours aussi fasciné.
La première rencontre a été ma visite à la chapelle St Jean qui était ouverte pour une fois.
Et là, quelle surprise…….
Une présentation d'une sculpture qui présage du reste à voir : une sculpture de Miguel Palma qui s'intitule "Cinq Temps". Il s'agit d'un axe portant 5 plateaux de tailles différentes et tournant à des vitesses différentes. Le premier plateau présente la culture grecque, le deuxième la culture romaine, puis le troisième la culture médiévale, le quatrième la culture de l'époque moderne et le dernier plateau celui de l'époque actuelle.
Le tout animé par des moteurs de qualité, je crois qu'à part ça ….
Pour 9€50, la visite comprend aussi l'expo sur Jean Genet.
Un vide comportant quelques photos, quelques dessins, des louanges, un suivi de sa vie. Je n'ai fait aucune photo, ça ne méritait même pas que j'appuie sur le doigt de mon appareil.
Vient enfin l'expo Parade réalisée par le Commissaire Patrick Boulanger, conservateur du patrimoine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence et Isabelle Marquette, conservatrice du patrimoine au Mucem avec comme Scénographe Stéphan Muntaner, artiste.
Des dizaines de maquettes, propriétés de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence, dans les coulisses secrètes du Palais de la Bourse, des trois-mâts, galiotes, bricks, tartanes, cargos, paquebots, pétroliers... rien que des bateaux, partis du port de Marseille pour sillonner la Méditerranée et passer le canal de Suez pour aller au loin.
Toutes ces fragiles maquettes sont fascinantes, elles sont représentatives de nos rêves d'enfants épris de fabuleux voyages. Mais elles témoignent de l’évolution des techniques navales...
Et puis elles montrent l’incroyable talent des maquettistes, charpentiers de marine du XVIIIe siècle ou simples amateurs qui réalisèrent souvent, après des centaines d’heures de travail, de véritables œuvres d’art.
Avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence, le Mucem a voulu rendre à la lumière ces navires qui voguent dans nos mémoires. Voici une centaine de maquettes rassemblées sur le miroir des flots, toutes échelles et époques confondues, ainsi mises en scène par l’artiste Stéphan Muntaner.
Cette scénographie représente un superbe plan miroir comme la mer, alimenté par des caisses sorties des sous sols de la Chambre de commerce et qui s'en vont, en parade pour passer vers un port et finir par les derniers bateaux que sont les énormes tankers ou porteurs de containers développés par la CGM-CMA.
Le tout survolé par une petite flotte d'avion dont le "Croix du Sud", piloté par Jean Mermoz au moment de sa disparition.
Une scénographie superbe en elle-même qui met toutes ces maquettes en lumière et à ce niveau là, une réussite.
Mais une scénographie égoïste réalisée par un scénariste et un commissaire qui ont fait une parade frustrante. Toutes ces maquettes devraient avoir un nom, des échelles, des réalisateurs pour nous permettre de réellement en profiter. Non rien, finalement une parade pour les yeux mais qui laisse sur sa faim celui qui est venu aussi apprendre, comprendre et apprécier.
Une expo à voir, mais qui laisse sur un manque, sur une frustration….
Le tout pour 9€50…. Très cher pour ça, un scandale à mon sens et je n'étais pas le seul visiteur à le dire, peut être le seul à l'écrire dans le livre d'or.
La mise en scène avec en hauteur l'hydravion de Jean Mermoz
Les quelques pièces bien expliquées, du début à la fin.
La Galère "sensile" qui avait été emmenée par les grecs. La sensile était la plus petite (il y avait "La réale" et la "patronne'), ces galères servaient à surveiller la côte et à transporter les messages entre les villes.
L'aviso à vapeur "sphinx", premier vapeur à roue à aube de la flotte militaire française, il a le même rôle que la galère.
Le vaisseau "Languedoc" construit par les Etats du Languedoc fin du 18ème siècle. Il a participé à la guerre d'indépendance américaine. Cette maquette a plus de 250 ans et lors de sa redécouverte en 1970, elle contenait à l'intérieur une carte à jouer de l'époque.
Le Ville de Marseille est construit par la Chambre de Commerce de Marseille en preuve de patriotisme pour participer aux guerres du premier empire.
Le paquebot Providence était chargé de mener les migrants vers l'Amérique au début du 20ème siècle.
Le paquebot Champollion assurait les dessertes de Beyrouth et d'Alexandrie dans les années 1920.
Le paquebot Charles Roux, premier paquebot à turbines de la marine marchande française.
Le vaisseau "Le Marsellois" fut offert par la Chambre de Commerce à la Marine Royale en 1761. Il va participer aux guerres d'indépendance américaine. Il va finir sa carrière renommé "Vengeur du peuple" sous la révolution.
Le vaisseau "Le Commerce de Marseille" avait 120 canons. Il fut capturé par les Anglais en 1793 à Toulon et intégré dans la Marine Anglaise sans changer de nom. Il servit de modèle aux constructions navales anglaises.
Le pinque "La Fileuse" de 1778 est un navire spécialisé dans le transport de l'huile d'olive en Méditerranée. Quasi tout le navire était réservé aux marchandises. De très mauvais comportement par mauvais temps, il fallait alors descendre les voiles latines triangulaires pour hisser des petites voiles carrées.
Le paquebot "Chella" faisait les voyages vers le Maroc. De passage à Marseille, il est bombardé par l'aviation allemande. Il est alors tracté en dehors des bassins du port de Marseille et coulé au canon pour ne pas servir de repère à l'aviation mais va rester à fleur d'eau jusqu'à sa disparition définitive en 1966.
La tartane marseillaise du 18ème siècle est un navire d'une vingtaine de mètres à coque large et ventrue. Gréé de voiles latines, il pouvait transporter 40 tonnes et fut construit jusqu'en 1914. C'était un navire de cabotage très performant.
Cette petite dizaine de maquettes expliquée est parsemée au milieu d'une scénographie superbe, c'est vrai, mais qui reste frustrante car non compréhensible. Un tableau moderne aussi confus et inutile en quelque sorte que la sculpture de Miguel Palma en début de ce reportage.
Ce sont des œuvres d'art si accessibles qu'elles nécessitent d'être expliquées pour être comprises.
Cézanne ou Van Gogh eux faisaient des oeuvres qui se voyaient, se comprenaient, et s'appréciaient sans avoir besoin de texte abscons et lyrique….