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Le lavage du linge était une activité importante en Provence et compliquée jusqu'à l'eau courante dans toutes les maisons, c'est-à-dire bien après la deuxième guerre mondiale. C'est donc depuis moins de 50 ans que les lavoirs ne sont plus utiles, sauf dans quelques villages comme Le Val dans le Var où le lavoir de la Place Gambetta est encore utilisé de nos jours par les ménagères qui veulent laver les habits de travail très lourds et très sales sans risquer d'abîmer les machines à laver, ou de laver carpettes, couettes et tapis, choses lourdes qui nécessitent souvent d'aller dans des laveries.

 

J'ai parlé de Le Val à plusieurs reprises sur mon blog dont une fois où j'ai décrit ce village :

 

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2015/07/le-val-journee-provencale-1-3.html

 

Sur ce reportage on peut voir les multiples fontaines de cette cité, plus de 18 et les trois lavoirs. Celui qui est en bord de rivière, celui du Paradou érigé en 1864 avec les anciens piliers des Halles de la place Gambetta et enfin, un lavoir plus récent, construit vers cette Place Gambetta qui est utilisé comme je le disais au dessus.

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Ces deux lavoirs sont typiques des deux structures de lavoirs qu'on peut trouver en Provence, les lavoirs au ras de l'eau et les lavoirs ayant une structure plus haute.

 

Mais d'abord quelques précisions de termes.

 

  • Un lavoir se dit en provençal un lavadou et dans certaines régions comme le Var, il peut se dire aussi le lavandou d'où le nom de la commune du Lavandou située aux pieds de Bormes les Mimosas. Jusqu'au début du 20ème siècle, le Lavandou était un quartier de Bormes, celui des pêcheurs et un tableau montre justement les femmes de pêcheurs en train de laver le linge dans un lavoir proche du port en 1736.
  • La lessive se dit la bugado. Il faut donc des buandières pour faire la bugado, c'està-dire des bugadarello en provençal. Cette bugadière ou buandière travaille en milieu fermé, dans une pièce fermée appelée buanderie.
  • La lessiveuse où on fait une lessive avec du savon et que l'on fait bouillir se nomme alors une bugadiero.
Image du web

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  • La lavandière, en provençal la lavandiero, est celle qui va laver le linge à la rivière ou au lavoir avec de l'eau chaude et de la cendre, puis, avec le modernisme avec de l'eau chaude et du savon de Marseille bien sûr et un battoir.

 

Pour les hameaux et les cités où il n'y avait pas de lavoirs, c'est à dire bien souvent jusqu'à la fin du 18ème siècle, le lavage se faisait dans les mares, les étangs ou sur le bord des rivières, et le linge était mis à sécher sur les galets.

Et ce travail était long et pénible, car pour le plus grand nombre de familles, celles qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des blanchisseuses à demeure, la grande lessive avait lieu une fois ou deux par an, au printemps et à la fin de l'été. Le trousseau de linge de la jeune mariée était énorme, contenait suffisamment de draps, de torchons, de chemises, de serviettes pour tenir la maison pendant 6 mois voire un an.

La lessive du printemps s'appelait alors la grande lessive, au contraire des petits nettoyages de quelques pantalons qui se faisaient selon les besoins, plus souvent, au petit bassin de pierre ou à la mare de la ferme.

Cette grande lessive allait durer plusieurs jours, c'était le temps de se retrouver entre femmes, de se raconter tout et de médire, de parler de toutes les autres et de mal parler des hommes aussi.

On allait à la lessive en menant le linge au lavoir sur une charrette pour les grandes familles ou pour les bastidanes qui avaient des journaliers à demeure car dans leur salaire, il y avait le dormir, le manger et le lavage du linge. Pour les familles moins nombreuses ou plus modestes, le linge s'emmenait dans une brouette avec la caisse de bois qui permettait à la lavandière de s'agenouiller sans mettre trop les genoux dans l'eau et d'avoir un appui moins dur, sans oublier battoir et savon ou cendre pour laver.

images du webimages du web

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C'était alors une pièce de théâtre mélo-dramatique qui se jouait au lavoir entre toutes ses femmes réunies. Il y avait le conflit pour avoir la meilleure place, celle près du feu ou l'eau chauffait, celle plus près aussi de l'arrivée d'eau courante pour ne pas avoir l'eau déjà salie par d'autres, et puis il fallait se mettre par affinités, les plus pauvres reléguées au loin, ou reléguée aussi celle qui était nouvelle dans le village, qui avait épousé un homme du pays alors qu'elle venait de loin, bien souvent 4 ou 5 km si ce n'était pas de l'étranger, au moins 20 ou 30 km…!!!

 

Nous avons assisté à une pièce de théâtre dans le village de Grans qui se jouait autour du lavoir. Tout y était, prééminence et affinités pour les meilleurs places, engueulades, comparaison du linge des unes et des autres et médisances sur les plus pauvres, méchants mots sur les hommes ces coureurs et voyous….un éclat de rire pour une pièce en provençal d'une heure.

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De même pour la fête du pain de Fayence, nous avons eu droit à la scène des lavandières et jusqu'à la comparaison de la taille des culottes, et allons-y, celle là étant large, le commentaire sur sa propriétaire était aussi très savoureux. Mais comme toujours, les minauderies commencent quand un homme s'approche.

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Au 17ème siècle, il existait quelques bassins bas privés dans les villes, sinon le lavage se faisait aux fontaines ou dans les rivières comme l'Arc ou l'Huveaune. L'eau devenait sale, impropre à la consommation humaine, animale et les maladies n'en étaient avec les épidémies que plus violentes.

Pour ceux qui connaissent notre région, il faut savoir que fut construit un lavoir municipal à Aix en Provence en 1707 pour pouvoir interdire les lessives qui se faisaient dans les fontaines du Cours Mirabeau.

Ainsi l'Huveaune possède de nombreux endroits encore où on peut voir des pierres aménagées le long du cours dans les villages pour y faire la lessive, une eau qui recevaient aussi les eaux usées des villages, mais surtout les eaux des usines de papier, les moulins, les tuileries, les magnaneries (élevage de vers à soie) et toute cette eau descendait sur Marseille pour alimenter une population en eau potable ou les lavandières situées dans le village en amont à St Marcel. Le début du 19ème siècle a été le moment de nombreuses révoltes de ses lavandières qui ne pouvaient plus travailler tant l'eau était polluée, et le temps aussi de quelques épidémies de peste, de choléra sur Marseille et une mortalité infantile immense.

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Le lavoir en bord de rivière pouvait être à la limite du village ou à l'extérieur. Celui de St Zacharie est mi couvert, mi découvert, il est bas c'est-à-dire que les lavandières sont obligées de travailler à genoux dans leurs caisses en bois, et l'eau provient de la rivière, elle est détournée par une petite adduction, canalisation et est rejetée en direct. Cette eau de l'Huveaune, bien que proche de la source, a déjà rencontré toutes les usines de faïences et de tuiles ainsi que le premier moulin à papier. Il n'y a pas de séparation entre lavage et rinçage. Le lavoir de Ménerbes se situe à l'extérieur sur un petit ru dont il faut espérer qu'il avait suffisamment d'eau pour cette activité tout au long de l'année. Pour ces deux exemples, le bâton d'étendage est présent.

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On peut trouver de ces lavoirs situés à l'extérieur des villages malheureusement gagnés par les herbes et détruits peu à peu, et pourtant celui-ci possédait une couverture sur piliers en pierres taillées, ce ne devait pas être un petit lavoir. Il est situé dans la région de Montauroux dans le Var

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Certains lavoirs peuvent être bas, c'est-à-dire que les caisses en bois sont nécessaires, mais couverts et déjà à deux bassins séparés, comme celui de Cadolive

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D'autres sont déjà en avance sur les modes de constructions du 19ème siècle comme celui de La Garde Freinet qui est un lavoir à bassin séparé, et à plan de travail surélevé pour permettre aux lavandières de travailler en position plus humaine.

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A Comps, ou à Seguret dans l'entrée du village, les lavoirs sont eux aussi à plan de travail surélevé, à bassins séparés mais pas encore couverts et laissent donc les lavandières au vent, à la pluie pendant ce travail de lavage qui pouvait durer des jours et des jours, travail harassant et blessant avec des mains dans l'eau et le savon des journées entières. A Toulon, c'est une place centrale qui possède un de ces lavoirs.

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A Cornillon Confoux, un des lavoirs se situe à l'extérieur du village. Il a été reconstruit à la fin du 19ème siècle mais il était déjà présent là depuis de nombreux siècles puisque la source qui l'alimente était déjà utilisée du temps des Romains. Ensuite cette source possédait un bassin simple de lavage et les passants, les voyageurs qui voulaient rentrer au village devaient s'y arrêter pour se laver. C'était le lavoir des lépreux ainsi nommé à cause des maladies qui sévissaient au Moyen-Âge. Ce lavoir a été reconstruit comme il était, alors que sa reconstruction date de fin du 19ème. Il est donc bas, ce qui ne se faisait plus, mais à deux bassins séparés et le foyer qui permettait de mettre des marmites d'eau à chauffer au fond est bien encore existant.

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A suivre dans " Lavoir et lavandières en Provence 2/2", voir ici :

 

http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/07/lavoir-et-lavandieres-en-provence-2/2.html

Tag(s) : #Santon et Santonnier
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