Comme tous les Provençaux, il faut connaître les différents types de bateaux utilisés par les marins pour ramener aux ports ces merveilles de la mer qu'on ne trouve que dans notre Méditerranée.
Et puis, ainsi, sortir de l'éternel et unique connaissance que nous avons pour nos crèches, le pointu ou la barquette marseillaise.
C'est donc le moment de foncer au Musée d'Histoire de Marseille et ce jusqu'à la fin de cette année, car une expo phénoménale est là, et je suis rarement aussi dithyrambique sur les Musées.
Le Musée du Centre Bourse offre aux yeux des visiteurs de nombreuses pièces et de nombreux exemples de bateaux à connaître mais en particulier, le "Mourre de Pouar" "Le Favori", qui y est jusqu'en fin d'année donc avant d'être restauré…….si tous les fonds arrivent à être réunis.
Et ce bateau est exceptionnel à plus d'un titre.
Il a débuté sa vie en 1909 à La Ciotat.
Il n'en reste que deux exemplaires en Méditerranée dont celui-ci encore bien conservé et sauvable pour quelques dizaines de milliers d'euros.
Le "Mourre de Pouar", littéralement le "Museau de cochon" devait son nom à son avant qui servait de point d'appui au dernier pêcheur montant ou au premier descendant. Ce bateau large et ventru a servi les pêcheurs, de Toulon jusqu'à Martigues, du milieu du 19ème siècle jusqu'à la première guerre mondiale. La motorisation lui a été fatale.
De façon anecdotique, "facebook" en Provençal se dit "libre de mourre", le livre du visage, traduction littérale de l'anglais, le même "mourre" que le bateau…
Et en même temps, à l'entrée du Musée est exposée l'ancre du Grand Saint Antoine, ce navire qui a apporté la peste de 1720, décimant la moitié de la population de la ville de Marseille et de nombreux autres provençaux, uniquement à cause de la cupidité et la vénalité de quelques riches marchands d'étoffes…
Cette ancre a été retrouvée il y a quelques années et a été sauvegardée et restaurée pour devenir un fleuron du Musée.
Le Musée d'Histoire de Marseille est d'une richesse incommensurable et j'en suis à ma ixième visite et je découvre à chaque fois.
Il contient en particulier de nombreuses maquettes qui relatent la vie et l'évolution de la ville de Marseille en plus de 2500 ans, des maquettes qui expliquent bien tous les monuments que l'on trouve et qui donnent une perspective historique.
Cette fois-ci, je me suis axé pendant cette visite uniquement sur les bateaux…Car je rêve de faire une crèche dans 2 ou 3 ans sur le thème des pêcheurs et du port provençal.
Avec une série de bateaux en bois, les bateaux en argile ou en plâtre m'insupportent.
Le premier bateau exposé est une épave du 6ème siècle avant JC, un caboteur de 14 m par 3, certainement construit à Marseille, à voile et pouvant transporter 12 tonnes de marchandises.
Le suivant est assez extraordinaire, il date du premier siècle avant JC, et était conçu pour curer le port des sédiments, une drague, plus exactement une Marie-salope, à cause de son puits central. Un bateau de 15 m sur 4 m.
Un autre bateau présenté est un navire marchand romain du 2ème siècle après JC.
Un autre bateau est typiquement Provençal et peu connu des non initiés, la Bette la "Dindouleto" (littéralement l'hirondelle) dont une maquette est présentée. Ce bateau à fond plat servait aux pêcheurs et était muni à la fois d'une voile latine et d'un foc. Le bateau date de 1880.
Il y a encore plein d'autres maquettes dont je présente quelques exemplaires car, pour moi, ils ne rentrent pas dans mon objectif de crèche, ils n'en restent pas moins superbes.
La Nef "La Montjoie" de 1270, dirigée par deux rames latérales et non un gouvernail qui pouvait embarquer des chevaux, 200 passagers etc…
La galère "Fleur de Lys" construite à Marseille en 1680 et manœuvrée par plus de 250 galériens. Une dragueuse plus moderne car elle œuvrait au 19ème siècle.
Le paquebot "Neva" date de 1864, il était à vapeur et à voile et fut construit à La Ciotat. La dernière maquette diverse que je présente est un Chébec Ottoman qui a été pris devant Alger alors qu'il participait à tout le trafic des corsaires de Tunis à Alger, tant en rapines qu'en transports d'esclaves pris sur les côtes italiennes, siciliennes, corses et provençales.
Avant de quitter le Musée, je croise une crèche du premier tiers du 19ème siècle, en argile et carton…carton, Mon Dieu que les puristes qui écrivent au Musée de La Ciotat ou ailleurs devraient être choqués…
Et en rentrant chez nous, juste pour les yeux car c'est si rare, en pleine période de canicule, les jeux d'eau de la fontaine devant la Préfecture sont à fond, eux qui sont quasiment au minimum tout le reste de l'année. En 7 ans, c'est la première fois que je vois cette fontaine aussi belle à Marseille…