/image%2F1042794%2F20140512%2Fob_aa9539_farandole-des-santons-fresque-de-david.jpg)
Pertuis est une cité du Vaucluse, située au bord du Parc du Luberon, baignée par la Durance, mais malgré cette attache au Vaucluse, Pertuis est comprise dans la Métropole Aix Marseille Provence car son attrait naturel, économique, culturel et commercial se situe bien dans les Bouches du Rhône.
Cette cité de plus de 20 000 habitants possède un riche passé historique, des traces d'occupation de populations néandertaliennes datant de plus de 100 000 ans y ont été découvertes.
La ville a été longtemps la limite entre le Comté de Provence et celui de Forcalquier avant son rattachement au premier.
C'était le siège d'un des bacs qui traversaient la Durance, fleuve violent et rapide.
La ville ancienne est située sur un piton, ville fortifiée de remparts, avec tours et château, et c'est au pied de cette ville que l'expansion récente qui a fait de ce village une ville importante a eu lieu.
Pour notre balade ici, nous nous intéresserons uniquement à la vieille ville sachant que plus de 130 monuments de la commune sont inscrits aux Monuments historiques, c'est dire la richesse et la flamboyance de cette cité.
C'est cette ville que les Félibres avaient choisie cette année pour y tenir la Sainte Estelle, leur congrès annuel et je me devais d'y aller.
Les commerces du vieux centre se sont parés des couleurs de la Provence, même certaine librairie n'a mis en devanture que des livres provençaux.
C'est dans la Chapelle de la Charité, reste de l'ancien hôpital de la Charité, que se situe l'accueil des Félibres avec pour première actrice de cet accueil, Brigitte Dempton, de la Maintenance Provence.
Une exposition superbe y est faite sur les costumes, sur les fêtes, sur la tradition calendale et celle du Carême…
Le Palais de Justice est aussi le lieu d'une exposition préparée par les archivistes de la ville pour mettre en valeur les attaches provençales de Pertuis, ses félibres majoraux importants et puis quelques autres Provençaux de Pertuis qui ont marqué l'histoire.
L'un d'entre eux attire mon regard, Honorat Meynier qui écrit un poème en 1608 en Provençal écriture de l'époque….Et cette écriture non normalisée, non Mistralienne est parfaitement compréhensible pour un adepte de la graphie mistralienne comme moi et d'ailleurs, hormis quelques simplifications voulues par Mistral au milieu du 19ème siècle, cette écriture du début du 17ème siècle est quasi inchangée de celle de nos jours… et surtout elle est loin de la graphie normée par les Occitans, invention d'Alibert au milieu du 20ème siècle pour tenter de ressembler à la langue ancienne des troubadours du 13ème siècle, langue incompréhensible de nos jours et aussi idiote que si des linguistes français voulaient aujourd'hui créer une graphie de la langue française en reprenant les contraintes de l'écriture de Rabelais.
La ville de Pertuis a déjà honoré Mistral d'un buste qui se situe devant la Mairie. Mais cette Santo Estello 2019 est l'occasion pour la ville de créer un Rond Point des Félibres qui y a été inauguré le dimanche et je vous le présente avant son inauguration puisque ma visite s'est faite le samedi.
La ville est traversée par des personnes en tenues régionales, les félibres sont des 7 maintenances qui couvrent tous les Pays d'Oc de la France et un groupe folklorique va attirer notre intérêt, un groupe venu du Haut Adour qui va danser et jouer de la musique sur la place principale pour le plaisir des spectateurs.
L'un des musiciens, Alain Isla, est aussi un conteur et un écrivain. Il m'a expliqué avoir publié ses livres et ses contes aux Editions des Régionalismes en langue naturelle de l'Adour mais aussi en Occitan normalisé pour éviter d'être trop censuré. Mais pour lui, cet occitan normalisé n'a rien à voir avec la langue de son pays.
Encore un réfractaire à la volonté jacobine des Occitans de normaliser et d'uniformiser les langues régionales au profit de leur création, la même volonté d'hégémonisme et d'unification que celle de l'Abbé Grégoire, serviteur du Jacobinisme de la Terreur qui a vu le français assassiner le Provençal et autres langues régionales
Nous allons profiter de cette visite de la Santo Estello 2019 pour voir aussi quelques monuments et quelques rues du vieux Pertuis.
Un ancien couvent, en centre ville, a été transformé en habitat.
Autour de la Place Mirabeau, du nom du père du député Mirabeau qui a représenté la Provence à la Convention, l'habitat est caractéristique, maisons étroites et hautes, niches votives…
Il reste encore quelques fontaines superbes du temps où l'eau était présente mais hors des maisons
Le vieux Pertuis possède quelques monuments à découvrir absolument. Le Beffroi est devenu l'Office de Tourisme. Il date du 12ème siècle et il est le dernier vestige de l'ancien château. Sur la même place, l'église St Nicolas date du 15ème siècle. Elle subira de graves destructions au terrible tremblement de terre du 11 juin 1909.
2 lavoirs sont encore existants. Celui de Notre Dame, de 1882, est un lavoir troglodyte à deux bassins séparés pour le lavage et le rinçage. Les bassins bas servaient aussi à l'abreuvage des quelques animaux qui rentraient dans la vieille ville, chez les quelques paysans urbains bâtisseurs de ces maisons hautes où le bas était réservé aux quelques animaux et les étages à l'habitat humain.
Un autre lavoir, le lavoir St Jacques, a été bâti sur l'ancienne fontaine St Jacques en 1851 quand le Président Napoléon a imposé à la France la construction d'au moins un lavoir par commune afin d'assurer propreté et hygiène et ainsi combattre la maladie…Une des heureuses initiatives de celui qui est devenu un an plus tard le dictateur empereur fou qui a mené la France aux guerres immenses et à la défaite de Sedan.
La cité de Pertuis a compté jusqu'à 8 lavoirs à la fin du 19ème siècle.
La ville de Pertuis a une Maison commune dès la fin du 14ème siècle comme de nombreuses cité en Provence. Il est bon ici de rappeler que la première constitution de Provence date de cette époque et qu'elle a donné de nombreuses idées à la Constitution Française. La Provence, Etat indépendant, malheureusement allié à la France à la fin du 15ème siècle par un testament stupide, a donné de nombreuses leçons de démocratie en Europe plusieurs siècles avant les révolutions de la fin du 18ème siècle et du 19ème siècle.
La Maison commune va être transférée dans un hôtel particulier du 16ème siècle en 1793. C'est devant ce superbe bâtiment que se trouve la statue de Frédéric Mistral qui désigne du nom du Poète le Parvis situé là.
Autre caractéristique du vieux Pertuis, l'existence d’un vieil étal, sorte de comptoir en demi-cercle, installé au bas des maisons et qui servait de comptoir de commerce, comptoir du 16ème siècle.
Une vieille maison, dite de la Reine Jeanne, est en cours de restauration. La construction architecturale ne peut que dater de la fin du 16ème siècle, donc loin des dates de la vie de la Reine Jeanne ou des autres Reines Jeanne qui vécurent au 14ème et 15ème siècle. Cette dénomination provient certainement de la déformation de la phrase "parlo coume la Rèino Jano" qui veut dire que cette maison semble être aussi ampoulée que le phrasé de la Reine Jeanne qui était le plus beau…
Au centre se situe la Place de l'Ange avec sa fontaine qui est la plus ancienne de la ville, elle date de 1509. A un angle de cette place se trouve la Maison des Consuls, qui date du 17ème siècle. Elle porte ce nom car la famille qui l'a faite bâtir a donné de nombreux édiles consuls à la cité.
En face, une autre maison est dite de François 1er qui, lors de son passage en 1522 pour aller guerroyer en Italie, y aurait été accueilli par un des notables qui lui présenta les requêtes en dédommagement de la ville de Pertuis suite aux invasions et destructions des espagnols de Charles Quint.
Enfin, dernier monument que nous visiterons, la Tour St Jacques qui est la dernière tour restante des remparts de la cité du 14ème siècle. Elle est ouverte vers la ville comme nombre de fortifications pour empêcher l'ennemi d'être à l'abri côté ville si par malheur celui-ci arrivait à prendre la tour. La cité possédait 7 tours identiques pour 6 entrées.
La dernière maison de la rue basse serait celle du Pitalugue décrit dans ses poèmes par Paul Arène comme l'un des plus grands cultivateurs des haricots de Pertuis, ces haricots qui faisaient de Pertuis le fournisseur de plus de la moitié des haricots mangés en France au 19ème siècle…
D'autres traces de ces anciens remparts sont encore visibles un peu partout sur les rues circulaires.
Pertuis, une ville fortifiée et perchée provençale riche d'un patrimoine et d'une histoire qui mérite d'être connue, et pas seulement pour son attachement à Frédéric Mistral.