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Les valets sont nécessaires dans la crèche.

Les valets de ferme bien sûr, ces personnages essentiels à l'agriculture jusque dans les années 1970/1980, jusqu'à son automatisation maximum. Par définition, ce valet de ferme est un domestique à gages, ouvrier agricole, aide chargé d'effectuer certains travaux. Il y avait des :

- Valet d'écurie, palefrenier : Domestique chargé du soin des chevaux. 
- Valet de cour : Domestique chargé du soin de la basse-cour. 
- Valet de ferme : Ouvrier agricole en général. 
- Maître valet : Celui qui dans une ferme a autorité sur les autres valets. 
- Valet de charrue (ou varlet) : Personne spécialisée dans le travail de la terre. Il tient une place importante parmi les ouvriers de la ferme. Il était loué à l'année par le censier ou l'exploitant qui possédait une ou plusieurs charrues.

Toutes ces dénominations concernent des métairies et des fermes de grande fortune où les métiers pouvaient être distingués tant il y avait de tâches suffisantes pour plusieurs mains d'œuvres.

Plus prosaïquement, dans les fermes de petite taille, celles qui couvraient la Provence où est né Jésus, comme chacun sait, un ou deux valets étaient généralement présents, pas plus. Bien sûr, le père de Frédéric Mistral, lui, avait besoin de plus de valets.

C'est cette connaissance de cette situation qui lui a permis de camper le personnage du père de Mireio dans son œuvre.

Mais dans les petites fermes, les valets étaient souvent des petites gens qui étaient considérées comme des membres à part entière de la famille. Ces valets étaient présents toute l'année, au contraire des journaliers ou des chemineaux.

Ils étaient souvent les enfants un peu arriérés ou bêtiots, des abîmés de la vie, un peu cabossés de la tête ou du corps et qui n'avaient donc que peu de chance d'être indépendants, d'avoir femme et terres pour vivre.

Cette main d'œuvre vivait dans la famille, nourrie, logée, lavée et recevait quelques gages pour les quelques loisirs qu'ils pouvaient avoir.

C'était une main d'œuvre attachée à sa famille d'accueil, reconnaissante d'être prise en charge comme membre de la famille.

Leur présence pouvait aussi être une aide stratégique dans la vie des paysans.

Avant la révolution, tant que ceux-ci avaient les terres en fermage auprès de la Noblesse, l'arrivée du grand âge pouvait être un drame. Il fallait alors assurer les vieux jours, être sûr de pouvoir rester sur ces terres et continuer à en vivre en les mettant dans les mains de personnes de famille ou de confiance.

Les paysans cherchent alors à transmettre cette gestion de la terre à leur fils, à un parent proche voire à leur valet de ferme. La dette est l’arme de cette stratégie : c’est elle qu’ils transmettent à la génération suivante et c’est sur elle qu’ils comptent pour inciter le noble à garder sur sa terre les héritiers choisis par le paysan.

Les crèches, les Pastorales ont tout de suite donné un rôle important aux valets.

Et bien sûr, ces crèches n'ont pas oublié les chemineaux ou les journaliers, ces hommes qui allaient de fermes en fermes pour se louer selon les travaux.

J'en avais parlé déjà lorsque j'avais rencontré le santonnier du Panier, André Robbe.

Les journaliers allaient de campagne en campagne pour se louer sans faire d'erreurs sur les pratiques religieuses de chaque patron.

Un journalier arrivant dans une campagne, détermine au nombre de cyprès encadrant le portail d'arrivée si la famille vers laquelle il va est protestante ou si elle est catholique et ainsi, il peut se présenter sous le meilleur jour au niveau de ses pratiques religieuses, des pratiques qui étaient alors importantes dans la relation sociale.

Un portail de protestants est encadré de 2 cyprès, celui d'un catholique de 3, comme la Sainte Trinité.

On dit aussi que dès la construction d'un mas, les anciens plantaient toujours un cyprès. Il était là pour remplacer la poutre faîtière après avoir grandi.

Il servait aussi d'enseigne commercial: un cyprès pour les tavernes et cabarets, on sert à boire deux cyprès pour les auberges, on sert à boire et à manger trois cyprès pour les hostelleries, le boire, le manger et le coucher.

Quelques Valets sur les cataloguesQuelques Valets sur les cataloguesQuelques Valets sur les catalogues
Quelques Valets sur les cataloguesQuelques Valets sur les cataloguesQuelques Valets sur les catalogues

Quelques Valets sur les catalogues

J'ai deux valets et chemineaux que j'ai achetés chez Arlatenco et Robbe.

Santon : les valets dans la crècheSanton : les valets dans la crècheSanton : les valets dans la crèche
Santon : les valets dans la crècheSanton : les valets dans la crècheSanton : les valets dans la crèche

Les valets les plus importants sont connus sous les noms de Giget ou Jiget, Bartoumiéu ou Bartoumiou, et Pistachié ou Pistachier.

Bartoumiéu est un Cabaretier un peu trop porté sur la dive bouteille. Il est souvent le comique dans les Pastorales et il apporte en présents au divin enfant de la morue séchée (pour le plat provençal de l'aïoli) et deux gros paniers de victuailles. Il s'est levé si vite dans cette nuit de Noël qu'il n'a accroché son pantalon que par une bretelle et il a décalé les boutons de sa chemise.

C'est cette explication de Marcel Carbonel qui pour moi est la plus logique, les paniers de nourritures et la Morue ne pouvaient pas être apportées par des valets pauvres.

Un autre Bartoumiou est créé par Thérèse Neveu, la santonnière des santonniers d'après Mistral. Il est un valet pour elle, un garçon de ferme simplet dans la Pastorale Chave de 1842. Il est représenté lui aussi avec un pantalon mal retenu.

Pour d'autres, le Bartoumiéu est un peu le tout fou du village, passant son temps au bar, à en perdre ses brailles, son pantalon en Provençal, et il est représenté toujours tenant son pantalon, le remontant.

L'un des valets les plus importants de la pastorale Audibert s'appelle Bartoumiéu et c'est ce qui crée la confusion générale des santonniers entre Pistachié et Bartoumiéu.

Quelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les catalogues
Quelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les catalogues
Quelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les cataloguesQuelques Bartoumiéu sur les catalogues

Quelques Bartoumiéu sur les catalogues

Pistachié est un valet de ferme qui apparaît dans la Pastorale Maurel.

C'est un valet de ferme. On dit de lui qu'il a une "cervelle de moineau". Son rire est entretenu par les verres de vin qu'on lui offre mais tout le monde l'aime bien au village. On dit de lui qu'il n'est pas sérieux, on ne peut pas compter sur lui. C'est un grand dadais, naïf et un peu sot, buveur, intéressé par les femmes. Il porte une pompe à huile et deux gros paniers en osier remplis de victuailles (saucisses, boudins, caillette, fourme, cantal, salers...). Il est vêtu pauvrement et simplement : pantalon de toile, chemise ouverte, taillole, gilet, chapeau en feutre noir et chaussures de travail.

Son nom vient de l'arbre à pistaches, "le pistachier", considéré comme aphrodisiaque. En effet notre pistachié est un célibataire endurci, coureur de jupons, qui ne s'attache pas à une femme en particulier.

En Provence, un homme joyeux luron, un peu buveur et un peu coureur de jupons, c'est un "pistachié".

Dans les années 1700, une expérience permit de démontrer qu'un pistachier seul produit des fleurs mais pas de fruits. Il faut un autre pistachier, aux fleurs de couleurs différentes, pour que les fruits apparaissent.

Voilà pourquoi en Provence un homme qui est attiré par les femmes est un "Pistachié".

Voilà quelques Pistachié des santonniers, toujours avec cette confusion qui fait des Pistachié avec des morues.

D'ailleurs, Thérèse Neveu, dans sa première représentation qu'elle a nommé Canissoun, Pistachié est représenté avec bonnet et guêtres rayées et une longe à la main, preuve qu'il avait une mule ou un âne à gérer, ce qui ressemble plus à la Pastorale Maurel. Sa deuxième version des années 1910 se fera avec une morue pour rentrer dans les canons devenus normes. Mais quelle erreur…

Quelques Pistacié sur les cataloguesQuelques Pistacié sur les cataloguesQuelques Pistacié sur les catalogues
Quelques Pistacié sur les cataloguesQuelques Pistacié sur les catalogues
Quelques Pistacié sur les cataloguesQuelques Pistacié sur les catalogues

Quelques Pistacié sur les catalogues

Et puis, rien de plus beau que cette scène du puits qui se passe dans la Pastorale Maurel où Pistachié tombe de peur dans le puits duquel il est sorti par toute la troupe (dont Giget) en partance vers le lieu où vient de naître le divin enfant.

Cette scène que j'avais décrite ici :

Santon : les valets dans la crècheSanton : les valets dans la crèche
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Tag(s) : #Santon et Santonnier
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