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Il n'y a qu'à voir le nombre d'articles, de sujets consacrés à Monsieur Robert Canut pour se rendre compte que ce Maître Santonnier de Provence est un personnage à part, un personnage exceptionnel et aimé de tous les vrais amateurs de santons.
Robert Canut est reconnaissable entre mille, cheveux longs et gris coiffés d'un éternel chapeau, bacchantes romaines et tablier bleu. C'est un homme au sourire accueillant, à la gouaille perpétuelle, honoré des visites qui lui sont faites, fier de son métier d'artisan, refusant les honneurs des artistes, niant ceux qui se pavanent dans leurs prétentions, ces artistes qui se prennent pour plus qu'ils ne sont car ils sont des créateurs de figurines, des sculpteurs avant tout, et veulent nier l'art des santonniers dont le travail est considéré par eux comme du "gribouillage", une de ces sculptrices est en particulier pour Robert Canut un imposteur lénifiante et puante de ses prétentions. Sans la citer, je connais cette dame et je suis d'accord avec lui à plus de 100%.
Robert Canut a un fort respect et une grande idée du santon, ce personnage naïf issu du peuple et chargé de toute l'histoire de la Provence. Il veut créer des personnages réels, vivants et animés pour faire de la crèche un monde vivant et pour lui, le santonnier doit vivre mais ne doit pas être un marchand et fabricant.
Il a d'ailleurs quitté ce monde mercantile dès que les salons ne sont devenus que des lieux de vente et non des lieux d'exposition.
Il conchie de son mépris le plus profond tous ces soi-disant santonniers qui ne sont en fait que les héritiers de leurs pères ou grand pères et qui ont transformé leurs sociétés en usines à fabriquer. C'est d'ailleurs, pour lui, une forte propension chez de nombreux santonniers de Marseille.
Robert Canut est réfugié dans son atelier où il accueille en permanence, toute l'année, ses visiteurs et ils leur parlent alors des santons, de son art, de son amour et si ses visiteurs le souhaitent et seulement s'ils en font la demande, alors il présente des pièces à vendre.
Pour cela, il faut aller le voir à Tulette, en Drôme Provençale, dans son atelier isolé au milieu des vignes avec en horizon le Ventoux.
C'est un Meilleur Ouvrier de France de 1968, lui qui a commencé sa carrière au milieu des années 1950. Quand le métier est devenu par trop un métier de marchand, alors il a quitté son Marseille natal pour venir se réfugier dans son atelier et continuer son métier sans céder aux sirènes des salons.
Il réalise peu de pièces, il faut donc parfois demander ce que l'on veut, passer commande car il réalise des santons qui semblent parler, des santons authentiques dans leurs positions, dans leurs comportements, des santons qui racontent.
Il réalise ses peintures lui-même en travaillant ses pigments naturels pour créer des couleurs qui lui sont propres et qui font la finesse des vêtements de ses créations.
Il travaille avec sa femme et, malheureusement, aucun de ses enfants ne souhaite assurer la succession. Il annonce d'avance qu'il préfèrera casser ses moules plutôt que de les vendre pour les voir perdurer.
Robert Canut est tombé dans l'argile dès son enfance comme Obélix est tombé dans la potion magique, il en a le dynamisme teinté de la gouaille du Marseillais qu'il est. Il ressemble au César de Marcel Pagnol avec toute cette finesse, toute cette pudeur que l'on retrouve dans la trilogie de l'auteur, cette pudeur cachée derrière une verve amusante dans laquelle il affiche ce qu'il pense des "santonniers" marchands, de ceux qui ne sont pas artisans.
C'est pour cela que sa venue au Salon de Visan pour soutenir les vrais artisans qui y étaient présents est un honneur que ceux-ci ont su apprécier et bien retranscrire dans le reportage qu'a fait Miche sur Ma Crèche Provençale, voir :
http://m-c-p.fr/, rubrique "les fadas".
La différence et la qualité du travail de Robert Canut se voient par exemple dans ses santons peints où les costumes qu'on croirait en tissu ne sont en réalité que des peintures réalisées à partir de son imagination et des pigments qu'il travaille.
Son invitation, à ce Salon de Visan, à venir le voir dans son atelier lui a apporté, ces deux jours 22 et 23 octobre, de nombreux visiteurs d'autant que le trajet pour aller le voir est finalement simple.
Robert Canut nous a alors reçu simplement comme il est. Nous étions là avec un fada de santons qui possède plus de 1200 pièces sur le seul thème des santons avec des lanternes et de son fils qui, lui, collectionne les animaux ; et il a fait ami très vite avec Robert Canut qui adore les enfants.
On rentre dans sa salle d'exposition où différentes pièces pour des crèches sont présentées.
Sa très grande crèche est là aussi avec un décor qui la fait vivre
Et une vitrine est réservée à des pièces peintes superbes.
Des sculptures d'argile sont là pour montrer que s'il se veut artisan santonnier, il est quand même aussi un sacré artiste.
Dans son atelier proprement dit, on peut voir ses moules car il est lui-même le créateur de ses santons, de ses moules, il n'a pas besoin de sculpteurs extérieurs comme un certain "soi-disant grand de Marseille" qui utilise un sculpteur de moules extérieur…et qui est capable de donner des leçons. On peut voir aussi son four qui prouve sa production locale et non Tunisienne ou Chinoise.
Un coin est réservé à ses pots où il prépare ses propres pigments pour les peintures.
De retour dans la salle d'expo, je peux avoir accès à son catalogue de santons de 8cm, en réalité une exposition de tous les santons qu'il a créés pour les crèches de ses clients.
Je me suis offert deux santons que je n'avais pas, un joueur de flûte et aussi une marchande d'oignons roses.
Un santonnier à voir et à apprécier, un vrai santonnier, pas un de ces fabricants qui d'ailleurs ne l'apprécient pas et c'est réciproque.