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Il en est de l'art santonnier comme de la littérature. Oui, la littérature peut ne pas être un art, et le santon aussi.
Il est des écrivains qui sont des fabricants de livres. Ils n'ont pas créé d' "Union des Fabricants de Livres", ils n'ont pas déposé de "label", mais ils n'en ont pas besoin, il suffit de voir les têtes de gondoles des boutiques de gare pour les découvrir à côté des "journaux" people, des "Ici", des "Voilà", des "Oups" tous ces acronymes pour m'éviter des poursuites en ne citant pas de vrais noms…
Ils sont les fabricants de centaines de livres, ils s'appellent Levy ou Musso, des livres cousus de fil blanc et écrits avec 150 mots comme a pu le dire le critique François Busnel.
Ces fabricants de livres sirupeux, de ces mélos où l'intrigue est si mince qu'elle en est prévisible, n'apportent rien à la littérature.
Ils sont là pour imiter ces grands romanciers que furent Guy Descars au 20ème siècle et Emile Zola au 19ème siècle, et bien d'autres, mais en abaissant la littérature à son plus bas niveau.
Certains écrivains prolifiques ont fait une carrière en prenant 2 noms, San-Antonio pour cette littérature de gare, plaisante, facile et puis Frédéric Dard pour des romans plus recherchés, des très nombreuses pièces de Théâtre, des adaptations pour le cinéma.
Ce n'est pas pour autant que, portant le nom de Dard, il est facile et naturel de se faire un prénom, l'expérience le prouve dans ce cas…
Il en est même qui feraient pondre leurs livres par des nègres…des politiques, des sportifs, des "people" de la télé-réalité, chacun devient un soi-disant écrivain, chacun est capable de pondre son livre et de le diffuser à des milliers d'exemplaires grâce aux grandes maisons d'éditions…
Dans le monde du santon, il en est de même. Il y a eu des grands artistes du santon comme Marcel Carbonel, Marius Chave, Roger Jouve…
Certains ont pu avoir un membre de la famille qui a pu relever le flambeau et continuer. Ainsi le petit fils de Marius Chave, Christian Chave est un artiste des santons en 4 terres qu'il faut connaître.
La famille Truffier Douzon de Gréoux-lès-Bains réussit aussi à perpétuer, de générations en générations, la qualité du santonnier réel, chacun étant vraiment santonnier, c'est-à-dire sculpteur, inventeur, créateur de ses propres pièces…Pas besoin de sculpteurs extérieurs comme Thierry Deymier.
En littérature, au-delà de ces grands fabricants de livres, au-delà de ces grands écrivains, il y a toute une littérature moins connue, moins diffusée et qui pourtant mérite une grande attention. Certaines instances, comme le Prix Goncourt, sont là pour mettre en avant tous ces créateurs.
Mais il existe des écrivains régionaux qui sont des écrivains de qualité et qui n'ont pas une renommée mondiale alors que leurs œuvres pourraient, elles aussi, prétendre à plus grande diffusion.
Ainsi, la Provence possède quelques écrivains sublimes comme Jean Contrucci, créateurs de romans historiques et policiers qui couvrent la Provence et Marseille en particulier. Autre auteur intéressant par exemple, Jean Claude Di Ruocco qui lui aussi écrit sur la Provence, par exemple son livre "le tueur de santons" dont j'avais parlé ici :
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/05/le-tueur-de-santons.html
Pour les santons, il en va de même. Une fois sortis des sentiers battus des santons surfaits des grandes fabriques — c'est eux-mêmes qui se sont nommés "Union des Fabricants" tout un symbole — une fois quitté les santons qui viennent de Tunisie — puisque le Moulin à Huile le déclare lui-même, une partie de sa fabrication est faite en Tunisie, pour les grandes surfaces, mais comment faire la différence ? — une fois sortis de ces chemins-là donc, il est temps pour les amateurs que nous sommes de découvrir ces artisans créateurs qui régénèrent le monde du santon, qui lui apportent leur cœur, leur imagination…
Ce sont ces seuls santons à mon sens qui devraient être le plaisir des amateurs de santons, de ceux qui cherchent un esprit, une touche d'enfance…
Des santonniers et je m'en excuse par avance, je ne vais en citer que quelques-uns, mais il en existe de Père en Fille par exemple, Fabienne Pardi, il en existe d'amateurs purs, Dankev ou Atoch, il en existe qui en vivent aussi grâce à leur notoriété, Colette, Cécile Clémente, Yann Fusier, Lou Christou, etc… et pardon à ceux que je n'ai pas cités…
Ces santonniers ont déjà une belle renommée régionale même s'ils sont bien souvent moins choisis que les grands "fabricants" qui ne font que répéter, copier, qui apportent peu à l'innovation.
Et puis il en existe d'autres aussi que l'on voit peu sur les foires ou sur les salons. Robert Canut ou Baudoin Gassies, ces deux santonniers que j'ai présentés ici déjà en font partie.
Il y en a d'autres encore et Alice Bertozzi, Meilleure Ouvrier de France, en fait partie.
J'avais raconté ma visite chez elle il y a déjà plusieurs années ici :
J'en avais parlé d'autres fois pour présenter des pièces uniques qu'elle avait bien voulu me réaliser.
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/10/santons-alice-bertozzi-2017.html
Et bien aujourd'hui encore, je voudrais vous présenter ces dernières œuvres que je viens de recevoir, et ainsi vous inciter à chercher à la connaître sachant que vous la verrez certainement cette année à la Foire de Mouans-Sartoux, du 9 Novembre au 24 Décembre.
J'avais demandé à Alice Bertozzi de me créer des scènes pour le thème des métiers et des marchands de la grande foire annuelle au village, thème que j'ai décidé de développer pour ma crèche, thème qui est gigantesque au fur et à mesure de mes recherches. J'ai fourni à Alice Bertozzi quelques idées à partir de photos ou gravures anciennes et des accessoires que Miniatures de Didange m'a réalisés pour certains métiers.
Et voilà le résultat.
Premier sujet, le chaudronnier. De nombreux santonniers ont des vendeurs de cuivres, moi je veux en plus mettre en avant le métier de chaudronnier, ce métier que j'allais voir étant enfant à Durfort, dans le Tarn, ville du travail du cuivre depuis le 16ème siècle, avec ses nombreux moulins équipés de martinets dont l'énergie était tirée de l'eau du Sor qui descend de la Montagne Noire pour rejoindre l'Agout puis le Tarn. Une ville à visiter pour en découvrir le métier.
Voici ce qui accompagnera mon décor, la charrette des Cent Tons de Mamie
Des images du net que j'avais fournies à Alice Bertozzi
Le résultat de ses mains, un chaudronnier en train de façonner du cuivre.
Le deuxième métier que j'avais proposé à cette santonnière est celui de l'horloger et du réparateur de coucous. Il s'agit très souvent de deux métiers distincts. D'une part le réparateur de coucous qui va de hameaux en hameaux pour réparer horloges et coucous chez les particuliers. D'autre part, l'horloger qui, lui, travaille dans son atelier à construire des horloges comtoises ou des horloges de meuble, ou qui est là aussi pour réparer des montres goussets, son œilleton collé à l'œil…
Les deux santons obtenus sont superbes, en particulier l'horloger a son œil calé sur sa loupe, ses doigts sur une infime pièce, sa lampe pour l'éclairer. Nous sommes là déjà en 1879, puisque Joseph Swan, vient d'inventer l'ampoule électrique à incandescence et que la première centrale hydroélectrique de Suisse vient d'être mise en service…Pour ce santon, un peu d'anachronisme n'est pas inutile, la crèche provençale en est pleine…
De toute façon, j'avais besoin d'un horloger dans ma crèche en l'honneur de mon arrière-arrière grand père, horloger reconnu et primé à Paris au milieu du 19ème siècle.
J'avais fourni à Alice Bertozzi un coucou fabriqué par Miniatures de Didange et des photos de Comtoises, celle fabriquée par Miniatures Didange et puis la Comtoise de 1865 de mon arrière-arrière grand-père.
Des images fournies par moi aussi, un vrai réparateur de coucous sur le marché de Salon de Provence, des images du web
Et voila les deux personnages créés par Alice Bertozzi, le réparateur de coucous qui crie son métier dans la rue et l'horloger dans son atelier
Pour troisième métier, j'avais choisi le luthier. J'avais déjà, réalisé par Gérard Amat, le luthier sur son établi en train de faire des morceaux de guitare ou de violons. Je souhaitais le travail plus fin du luthier-accordeur, son violon entre les mains. Et puis, pour que mon atelier soit complet, mes luthiers sont aussi vendeurs d'instruments de musique, ils ont en devanture violons, guitares et tambours de Miniatures Didange.
Des images du web pour décrire les métiers
Les instruments fournis par Miniatures de Didange et le luthier sur son étable de Gérard Amat
Voilà mon luthier-accordeur d'Alice Bertozzi, la finesse des mains qui s'accordent parfaitement au violon en bois.
Le métier suivant est celui de tisseur ou tisserand. Je ne souhaite pas tomber dans la linguistique pour définir la différence entre tisseur et tisserand, différence qui existait réellement au 15 ou 16ème siècles à partir de la nature des fils tissés. Pour moi, le tisserand fait des étoffes de laine, des étoffes de soie, de lin, de chanvre. Il existe les drapiers-drapant qui tissent eux-mêmes leurs draps et les marchands drapiers qui se contentent de faire commerce des draps tissés par d'autres. Les marchands sont très communs dans nos crèches, le mien est de Cécile Clemente. Les drapiers de laine ont besoin de fileuse, on en trouve beaucoup aussi dans les santons du commerce, ma fileuse est de Gateau. Je vais pouvoir mettre cette fileuse avec le rouet que m'a fourni Miniature de Didange. Mais ce que je voulais, c'est le tisseur qui va donc travailler cette laine et fournir le marchand de tissus.
Les instruments fournis par Didange
Des scènes prises dans un musée, des fileuses de Fayence, ma fileuse de Gateau et ma marchande de tissus de Cécile Clemente
Miniature de Didange m'a donc fourni le métier à tisser et Alice Bertozzi me l'a mis en scène et voici ce superbe santon.
Et puis, pour finir pour cette année, j'ai demandé à Alice Bertozzi de me faire le tailleur qui fait un costume, une veste en l'occurrence dans son atelier, à côté de son mannequin et de son étal de costumes déjà faits sur cintres fourni par Miniature de Didange. Voilà le santon créé et parfait pour faire une scène complète de l'atelier selon les images que j'en avais.
Les pièces de décor fournies par Miniatures de Didange et une scène de tailleur trouvée sur le web
Le santon réalisé par Alice Bertozzi, le tailleur sur son meuble assisté de son chat en train de coudre
Voilà pourquoi je vous conseille tous de sortir des sentiers battus, des santons classiques et finalement tous semblables pour vous tourner vers des santonniers qui vont créer vos santons ou des santonniers qui créent aussi des pièces amusantes, des scènes vivantes et parfois rares.