Cassis, ce village de pêcheurs avant de devenir une cité envahie toute l'année par des milliers de visiteurs et de vacanciers.
Cassis ce village qui a su garder une partie de sa vérité historique.
Cassis et ses calanques, même si une seule calanque existe sur son domaine, c'est ce mot qui est attaché à son nom et c'est vrai que 80% des visites de calanques partent de son port.
Mais Cassis, c'est aussi la cité choisie par Frédéric Mistral, le grand poète provençal grâce à qui la langue a pu enfin retrouver sa renaissance, pour y faire vivre son héros Calendal, paru en 1867.
Frédéric Mistral a obtenu, en 1904, le Prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre en langue provençale. C'est le seul poète mondial primé pour une langue régionale.
Calendau, que Mistral a mis sept années à écrire, lui a valu d'être traité de séparatiste, alors qu'il ne fait que mettre, au long des XII chants, la Provence elle-même, son histoire et sa civilisation spécifiques au travers des aventures du marin de Cassis — Calendal, amoureux de la princesse des Baux — l’Esterello — et de son irréductible ennemi, le comte Sévéran...
Il dit lui-même de son œuvre qu'elle n'est simplement qu'une ode à la lutte contre le centralisme et l'uniformité le 13 janvier 1867 en écrivant à JB Graut.
C'est dire dans la mémoire collective des Provençaux l'importance de ce village. La gare de Cassis est décorée de quelques vers de cette œuvre.
Je suis de Cassis, ville de mer
Et clef de France. Dans l'ombre
Pour vous tous est caché le nom de ma patrie;
Mais, serait-il à mille lieues,
Nul de ses fils ne la renie,
Car tel a vu Paris, compagnons,
Qui peut dire, s'il n'a pas vu Cassis : Je n'ai rien vu.
Ce matin de beau temps de Juillet, il fait suffisamment frais pour venir visiter ce village. D'abord les pêcheurs arrivent sur le port et proposent leur pêche du jour. Les rascasses nécessaires à la bouillabaisse sont belles, le rouge de leur peau rappelle que leurs épines sont couvertes d'un poison violent. La gallinette aux ailes bleues. La daurade. L'encornet. Le homard aux couleurs bleues. La langouste aux couleurs rouges. Le thon rouge. Le rouget grondin. Le Saint Pierre et sa tache latérale, la trace du doigt de Pierre quand il a pris le poisson pour le donner aux romains, son tribut.
Le port est petit mais les bateaux y sont multiples. Des bateaux y sont sur cale pour leur révision, des pointus sont alignés, des dizaines de bateaux dans ce petit port, la calanque de Port Miou est l'autre port de Cassis.
Dans le port, on trouve aussi les bateaux de la targo, des bateaux qui permettent de faire les concours de joute. Lidia des Santons d'Analy en a créé cette année toute une série.
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/05/frejus-santon-analy-2/2.html
Depuis le port, on peut voir ces superbes maisons qui dominent la baie.
Le château qui est maintenant une résidence privée est au dessus de la plage.
La plage est déjà envahie de dizaines de vacanciers
Les rues de Cassis sont superbes, elles réservent des fleurs, des maisons très belles et le tribunal de la pêche avec son St Pierre protégé par des grilles contre les vandales et son baromètre pour indiquer le temps aux pêcheurs avant leurs sorties en mer. Le tribunal lui aussi est décoré d'une pierre où est inscrite une citation de Calendal.
Le moment de trouver sur un arbre des cigales, celle qui a les ailes déployées est celle qui "chante" car, pour "chanter", une cigale doit soulever son abdomen et écarter ses ailes.
Ce jour est celui de la sortie annuelle de la Respelido Bedoulenco, l'association de Roquefort la Bédoule dont j'ai déjà parlé assez souvent sur ce blog.
Une visite était donc organisée au four banal de Cassis, inauguré en 2005. Un potager y a été installé semblable à ceux des anciennes maisons. Des mannequins sont là, habillés en vêtements d'époque dont un pêcheur. Des santons sont exposés sur des étagères et dans le four banal.
L'association avait prévu donc de se réunir, pour célébrer le 150ème anniversaire de la parution du Calendal de Mistral, et d'aller voir la statue de Calendal érigée sur la digue de protection du port. Cette statue date de 2000, la première statue bâtie sur le port avait été détruite par les bombardements de 1a deuxième guerre mondiale. L'association en a profité pour faire la lecture de quelques vers de ce superbe texte.
Je suis Provençal comme vous ;
Mais des torrents et des collines,
Innombrables, nous séparent…. Chez moi,
Qui m'eut dit de vaguer où maintenant je vague ! ….
Dans les vallées et sur les crêtes,
Je bats maintenant le pays, pour conquérir
L'empire de l'amour : on m'appelle Calendal.
Je suis de Cassis, ville de mer
Et clef de France. Dans l'ombre
Pour vous tous est caché le nom de ma patrie;
Mais, serait-il à mille lieues,
Nul de ses fils ne la renie,
Car tel a vu Paris, compagnons,
Qui peut dire, s'il n'a pas vu Cassis : Je n'ai rien vu.
Car notre vin, et vous l'avez
Sans doute ouï dire,
Tellement est fameux que Marseille, lorsqu'elle veut
Faire un présent au Roi, demande
Aux Cassidens ce qu'elle lui envoie ;
Notre muscat, diaphane boisson,
Et nos faucons qui dans l'île de Rieu nichent par bandes.
Oh ! si vous en goûtiez ! L'abeille
N'a pas de miel plus doux : il brille
Comme un brillant liquide, et sent le romarin,
La bruyère et le myrte
Qui recouvrent nos collines,
Et danse le verre…. Certes,
J'en viderais maintenant un flacon, si je l'avais.
On peut remarquer que les yeux de Calendal sont tournés vers les terres, vers le Mont Gibaou, vers la grotte où s'était réfugiée son amour Esterello située sur la commune de Roquefort la Bédoule.
Après un repas sur le port, la suite de la journée organisée sera une balade en bateau, pour visiter les trois premières calanques, port Miou, Port Pin et En-Vau.
Depuis ce bateau, nous pouvons voir l'église St Michel et la couronne Charlemagne, le Mont Gibaou où se trouve justement la grotte Esterello.
C'est aussi le meilleur endroit pour voir le Cap Canaille, les plus hautes falaises maritimes d'Europe.
Suite à voir sur "Cassis, Calendal et calanque 2/2", voir ici :
http://l-estrangie-e-li-santoun.over-blog.com/2017/07/cassis-calendal-et-calanque-2/2.html